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De La Fontaine à Booba

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Deux amis liés par l’amour du théâtre et de la poésie s’apprêtent à dire un florilège de fables mais la représentation dérape…

L’un, classique, respecte le texte à la lettre ; l’autre, moderne, se permet tout pour le rendre accessible et s’exprimer pleinement. Chacun va défendre sa vision à travers les textes : Comment dire une fable au théâtre ? Est-ce que La Fontaine a du flow ? Peut-on rapper un texte en vers ? Le rap est-il une forme de poésie ? Est-ce que Booba vaut Baudelaire… ?

Tour à tour, joyeux clash, battle et discussion sur le fond et la forme, De La Fontaine à Booba est une comédie surprenante et rythmée qui mélange les genres avec humour !

Presse DLFAB

La pièce a rencontré un franc succès au Festival d’Avignon OFF 2016, notamment auprès des professeurs de Lettres. Si vous cherchez un spectacle de théâtre adapté au programme de français, et qui peut plaire aux lycéens, notre compagnie joue également dans les établissements scolaires. Voici quelques avis d’enseignants qui ont vu De La Fontaine à Booba :

François-Xavier Bellamy – Professeur agrégé de Philosophie

« Tout au long de ce spectacle dense, rythmé, inattendu, Valentin Martinie et Guillaume Loublier passent par le détour du rire pour proposer à leur public un débat finalement aussi ancien que la littérature. Derrière le comique irrésistible de leurs personnages, dont la rencontre anachronique permet des rebondissements hilarants, on peut retrouver les questions décisives que pose le rapport aux textes, au patrimoine littéraire et à la création contemporaine – questions bien moins réglées qu’il n’y paraît, ouvertes plutôt que refermées, au point qu’il ne faut pas douter que ce spectacle constituera un point de départ passionnant pour la discussion, pour toutes les générations ! »

Stéphanie Marche – Professeur de Lettres, Lycée Blanche de Castille, Le Chesnay (78)

« De La Fontaine à Booba est un spectacle dynamique et original qui interpelle ! La pièce aborde ce travail d’appropriation des vers, d’interprétation des mots dans la profondeur de leur structure et de leur contexte, qui est demandé aux classes de Première en vue de l’épreuve du Bac de français. Pari gagné pour les élèves, enthousiastes, réactifs, et très agréablement surpris par cette alliance de genres qui paraissaient si éloignés au départ ! »

Marie Cruchet – Professeur de lettres, Lycée Saint-Dominique, Saint-Herblain (44)

« Je suis allée au théâtre de Poche-Graslin avec mes élèves et le spectacle a fait l’unanimité avec brio ! Nous avons passé un excellent moment. La pièce est un bijou. On est au contact franc et direct de la poésie – qu’elle soit de La Fontaine, de Baudelaire ou d’IAM. Nos cœurs se serrent, on rit ensemble et tout le monde en redemande ! »

Delphine Grass – Professeur de français, Collège de Clagny, Versailles (78)

« De La Fontaine à Booba est une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes. L’un considère que les textes classiques sont intouchables et inégalables, l’autre au contraire estime que la Poésie n’a pas d’époque, ni de frontière. Un spectacle drôle, rythmé et qui possède une certaine profondeur : qu’est-ce que l’Art ? Comment maintenir les textes en vie ? Pour des collégiens, une excellente initiation au théâtre et à la Poésie, une belle accroche pour changer leur regard sur les textes, et la Littérature en général. »

Gaëtan Dupois – Enseignant de Lettres Modernes, Lycée Condorcet, Méru (60)

« Une mise en scène drôle, intelligente et qui porte un sens novateur sur ce qu’est la poésie aujourd’hui ! La portée en est féconde et aura le mérite de faire réfléchir nos élèves sur la littérature, ses mots, ses sonorités, ses richesses ! »

Georges Delgrande –  Professeur, Collège des Salins, Villeneuve-lès-Maguelone (34)

https://www.clg-salins-villeneuvelesmaguelone.ac-montpellier.fr/150-collegiens-au-theatre

Si le spectacle vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter !


« La diction scolaire telle qu’elle est pratiquée est tout bonnement criminelle. Allez donc entendre du La Fontaine, du Racine, récité dans une école quelconque ! La consigne est littéralement d’ânonner, et, d’ailleurs, jamais la moindre idée du rythme, des assonances et des allitérations qui constituent la substance sonore de la poésie n’est donnée et démontrée aux enfants[1] ». Voilà ce qu’observait déjà Paul Valéry en 1935…

Néanmoins, le XXIème siècle voit l’essor d’un genre musical qui ne laisse pas en reste ce que Valéry appelle la « substance même de la poésie ». Dans le rap, les mots sont percutants, le phrasé est vital, les jeux de sonorité abondent et le rythme est prégnant.

Littéralement « rythme et poésie » (acronyme anglais de « Rythm And Poetry »), le rap  se démarque d’autres styles musicaux par l’importance du texte et de sa respiration. Les rappeurs ne sont pas des chanteurs, ce sont avant tout des paroliers qui cherchent leur « petite musique ». Pas de « flow sans profondeur[2] ». Le rappeur-poète revient à la source des poèmes homériques avec une recette traditionnelle : « l’image poétique scandée[3] ».

Le rap n’est pas une « sous-culture d’analphabètes ». Certains rappeurs ne s’en cachent pas, ils donnent dans le divertissement. Mais d’autres épousent des formes plus nobles comme le rap conscient ou le rap-jazz. Ne tombons pas dans la caricature. Comme le dit Youssoupha : « Nombreux sont les rappeurs / Rares sont les lyricistes / Nombreux sont les interprètes / Rares sont les artistes[4]. »

Ces derniers sont les héritiers de Brassens, de Ferré… Et ils puisent leur inspiration encore plus loin. Quand on écoute ces vers engagés de Kery James, ne pense-t-on pas à Victor Hugo : « Parmi les pauvres enterrez-moi sans roses, en espérant qu’il pleuve, qu’on pleure au moins pour quelque chose[5]». Et ces paroles d’IAM ne rappellent-elles pas le style des fables : « Il vient à peine de sortir de son œuf, et déjà Petit Frère veut être plus gros que le bœuf[6] » ?

Ces rappeurs-là sont « philosophes et poètes crûment [7]», à l’image de ces paroles de Booba : « Je voulais être seul, mais trop tard, j’étais déjà né / […] Enfance insalubre / Comme un fœtus avec un calibre[8]». Pensée à la Cioran. Le son et l’image. Le fond et la forme.

Il faut également dire que le rap français a apporté des innovations poétiques indubitables : le verlan est une source de richesse, il crée des nouvelles rimes et déplace l’accent tonique : « Seul le crime paie dans les villes du neuf ze-dou / Face à face, que des regards froids y’a pas de yeux doux[9]». Et certains rappeurs révolutionnent la prosodie avec leur « dangereux phrasé[10]». Booba est un peu comme la Callas, il « respire là où on ne l’attend pas. »

Le parallèle La Fontaine-Booba n’est pas une accroche commerciale. Si le hip-hop a ouvert une nouvelle ère de liberté poétique –une sorte d’ « Oulipop » – c’est bien La Fontaine qui a « disloqué ce grand niais d’alexandrin » en plein âge d’or Classique. En utilisant le vers libre, il a remis la poésie au service de la vie. Le fabuliste a le rythme dans la peau et son style sert des images simples qui frappent l’esprit. Tout comme IAM, Oxmo Puccino, Lucio Bukowski… et bien d’autres encore. Dans tous les domaines, et à toutes les époques, on trouve à boire et à manger. Il faut seulement prendre le temps de gratter la surface.  Et, à notre humble avis, les rappeurs-poètes d’aujourd’hui n’ont pas à rougir devant la fausse sophistication des précieux du XVIIème…

« De la musique avant toute chose », pourrait-on conclure.  C’est vrai pour le rap, c’est vrai pour la poésie en général et c’est vrai pour le théâtre.

Ajoutons que les facéties des rappeurs et leur fameux rap game comporte une dimension théâtrale qui sert la comédie. La battle rappelle le genre antique de la satire rurale : vers paillards, « combat de gueule », duel de railleries mordantes sur fond de ragots… Voilà un dernier ingrédient qu’on trouve dans la recette donnée par La Fontaine dans la préface des Fables : « On veut de la nouveauté et de la gaîté ! »

[1] Paul Valéry, Le Bilan de l’intelligence

[2] Lucio Bukowski, « Sur la carte »

[3] Lucio Bukowski, « Ogni giorno è la scuola »

[4] Youssoupha, « La Vie est belle »

[5] Kery James, « Post Scriptum »

[6] IAM, « Petit frère »

[7] Victor Hugo, « Quelques mots à un autre »

[8] Booba, « Civilisé »

[9] Lunatic, « Le Crime paie »

[10] Booba, « Ecoute bien »

3 commentaires sur “De La Fontaine à Booba

  1. leila leila
    18 avril 2017

    BIEN

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  2. Bettina
    9 août 2017

    Très belle initiative cette pièce! Sinon, en regardant le contenu de votre site, je me suis dit que l’ouvrage Sans fautes de frappe. Rap et littérature peut sans doute vous intéresser!

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