Textes & Scènes de Théâtre / Dialogues de Cinéma / Séries / Littérature / Philo / Poésie…
On connaît tous des exemples de pièces de théâtre à succès qui ont été adaptées au cinéma. Quel que soit le genre (classique, drame, boulevard, seul-en-scène…) ou le pays (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie…), la liste (ici non exhaustive) ne finit pas de s’allonger : Boudu sauvé des eaux (1932), Mon Père avait raison (1936), Volpone (1941), Arsenic and Old Lace (1944), Hamlet (1948), A Streetcar Named Desire (1951), Othello (1952) Twelve Angry Men (1957), Cat On a Hot Tin Roof (1958), Château en Suède (1963), Becket (1964), La Cage aux Folles (1978), L’Avare (1980), Le Père Noël est une ordure (1982), Cyrano (1990), Le Souper (1992), Un air de famille (1996), Romeo+Juliet (1996), Le Dîner de cons (1998), Closer (2004), A Dangerous Method (2010), Incendies (2010), Carnage (2011), Le Prénom (2012), Guillaume et les garçons à table (2013), Le Jeu de la vérité (2013), Nos Femmes (2015)…
Mais, à l’inverse, est-ce que de nombreux films ont été adaptés au théâtre ? Je me suis posé cette question l’autre jour en regardant The Man From Earth, un film indépendant américain de 2007, plutôt bien fait et bien joué, qui ressemble diablement à une pièce de théâtre. Et je ne suis apparemment pas le premier à m’être fait cette remarque puisque j’ai trouvé une adaptation théâtrale du film sur la toile (je vous conseille de regarder le film avant).
Néanmoins, les adaptations de films (on parle ici de scénarios originaux et éventuellement d’adaptation de romans ou de nouvelles) sur les planches sont plus rares que les pièces adaptées au cinéma. En voici quelques-unes :
Adam Bertocci s’est posé la question : « et si William Shakespeare avait écrit The Big Lebowski ? ». En 2010, il transforme le film des frères Coen en une comédie pseudo-shakespearienne écrite dans un anglais qui parodie le style du Barde : The Two Gentlemen of Lebowski (Les Deux Gentilshommes de Lebowski, cf. Les Deux Gentilshommes de Vérone). Un mélange qui rappelle un peu le spectacle de Pierre-Emmanuel Barré Full Metal Molière… Voici ce que ça donne dans le texte :
BLANCHE : Whither the money, Lebowski? Faith, we are as servants to Bonnie; promised by the lady good that thou in turn were good for’t.WOO : Bound in honour, we must have our bond; cursed be our tribe if we forgive thee.BLANCHE : Let us soak him in the chamber-pot, so as to turn his head.WOO : Aye, and see what vapourises; then he will see what is foul.They insert his head into the chamber-pot.
Et voici ce que ça donne dans un extrait (mal) filmé : ici.
Le scénario du poète Jacques Prévert a été repris au Théâtre du Lucernaire cette saison, dans une adaptation de Philippe Honoré mise en scène par Philippe Person.
Extrait vidéo ici.
En 2003, Daniel Benoin monte une adaptation théâtrale de ce film qui a reçu le Prix du Jury au Festival de Cannes en 1998. Il installe sa réunion de famille au milieu des gradins du Théâtre du Rond-Point. Dix ans plus tard, Vinterberg écrit une suite théâtrale à son film : L’Enterrement, Festen… la suite. L’occasion pour Benoin de s’offrir une deuxième adaptation (cette fois du théâtre au théâtre) en 2012, toujours au Rond-Point.
A l’origine inspiré du roman de Jean Giono Un de Baumugnes, Angèle de Marcel Pagnol a été adapté pour la scène en 2014 par Louis Feyrabend. L’histoire qui agite un petit village provençal est mise en scène par Yves Pignot et interprétée par Patrick Préjean, Didier Constant et Émilie Casenave. Bande-annonce ici.
En 2007, Patrice Leconte a transposé lui-même son film Confidences trop intimes à la scène, en confiant la réécriture du texte à Jérôme Tonnerre, l’auteur du scénario qui l’avait accompagné sur le tournage. Au Théâtre de l’Atelier, les rôles de Fabrice Luchini et Sandrine Bonnaire sont d’abord repris par Jacques Gamblin et Mélanie Doutey, puis par Christophe Malavoy et Florence Darel.
La Compagnie L’In-quarto s’est très librement inspirée de ce film de Jean Eustache. Le « scénario » a été réécrit à quatre mains par Julie Duclos et Guy-Patrick Sainderichin. Voilà une petite vidéo dans laquelle Julie Duclos explique le cheminement de la réécriture scénique ici.
En 2007, Alain Delon et Mireille Darc se substituent à Clint Eastwood et Meryl Streep au Théâtre Marigny. Didier Caron et Dominique Deschamps signent l’adaptation du texte et Anne Bourgeois la mise en scène.
Tirée du roman de Marc Blondin et de son adaptation cinématographique dialoguée par Michel Audiard, Un Singe en hiver est jouée au Théâtre de Paris. Dans cette mise en scène de Stéphane Hillel, Eddy Mitchell et Fred Testot remplacent Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo.
Fort de son succès dans les salles obscures, le film d’Eric Toledano et Olivier Nakache a été adapté pour le théâtre par le scénariste et acteur québécois Emmanuel Reichenbach et mis en scène par René Richard Cyr. Dans cette version théâtrale, Antoine Bertrand reprend le rôle tenu par Omar Sy, et Luc Guérin celui de François Cluzet. La pièce Intouchables a été jouée début 2015 au Théâtre du Rideau Vert à Montréal, avant une tournée.
En 2013, le film tiré du roman de Truman Capote est adapté à la scène. C’est Emilia Clarke qui remplace Audrey Hepburn. Difficile de rivaliser avec le sex symbol hollywoodien… La pièce fait un flop à Broadway.
Extrait vidéo ici.
Le film est porté à la scène en 2002. Dans la version de Broadway, c’est l’acteur d’American Pie Jason Biggs qui reprend le rôle du jeune étudiant joué à l’origine par Dustin Hoffman. Et c’est Kathleen Turner (The Virgin Suicides, Roger Rabbit, A la poursuite du diamant vert…) qui joue les cougars.
Le film aux 7 Oscars a été adapté en 2014 sur la scène londonienne. Ralph Fiennes et Gwyneth Paltrow sont remplacés par Tom Bateman et Lucy Briggs-Owen dans la version présentée au Noel Coward Theatre. Extrait vidéo ici.
Ces derniers temps, on observe une recrudescence dans l’adaptation de films en comédies musicales, ce que les américains appellent les movicals (ndlr : movie-musical). Hollywood investit de plus en plus dans ce genre théâtral, après avoir constaté la rentabilité des shows de Broadway (Universal est le principal investisseur de Wicked, une comédie musicale qui a rapporté plus de 3 milliards de dollars de recettes depuis 2003, et qui est en train de devenir la production la plus lucrative des studios, devant E.T et Jurassic Park…). Là aussi la liste est longue : 42nd Street, Otto e Mezzo de Fellini (Nine à Broadway), The Fearless Vampire Killers de Roman Polanski (Le Bal des Vampires joué au Théâtre Mogador), Zorba the Greek, Some Like It Hot, Rocky, Saturday Night Fever, Ghost, The Producers de Mel Brooks (un carton de 2001 à 2007), Billy Elliott (s’arrête plus tôt que prévu après 3 saisons), Big Fish de Tim Burton (gros flop en 2013), Legally Blonde, Finding Neverland, American Psycho, Groundhog Day, Back to The Future… Sans oublier les dessins animés et les comics : Beauty and the Beast, Snow White and the Seven Dwarfs, Tarzan, The Little Mermaid, Aladdin, The Jungle Book, The Lion King, Toy Story, Nemo, Shrek, Spider-Man: Turn Off the Dark (obligé de s’arrêter à cause des coûts d’exploitation immenses)…
– Spamalot, tirée de Sacré Graal ! des Monty Pythons, a été adaptée en France par Pef – alias Pierre-François Martin Laval des Robins des Bois.
– La Mouche de David Cronenberg (1986) a été transformé en opéra au Théâtre du Châtelet en 2008.
– Depuis 2011, l’acteur-réalisateur-scénariste-producteur Jason Reitman (Thank You for Smoking, Juno, The Office…) organise tous les mois des lectures scéniques de scripts de films : The Big Lebowski (encore lui !), The Princess Bride, Reservoir Dogs, American Beauty, The Usual Suspects… Extrait vidéo
– Les Cartes du Pouvoir de Beau Willimon (Molière 2015 du Comédien dans un second rôle pour Thierry Frémont) n’est pas une adaptation théâtrale de la série House of Cards, mais c’est l’adaptation française de sa pièce Farragut North (2008).
– France 2 avait pour projet d’adapter Les Tontons Flingueurs de Georges Lautner au théâtre, mais le projet est malheureusement tombé à l’eau…
– Fabrice Luchini avait manifesté son souhait d’adapter Alceste à bicyclette pour les planches. Verra-t-on le retour du Misanthrope sur scène ?