La Compagnie Affable

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#Motdujour : On peut perdre du temps à vouloir aller trop vite

Rien ne se passe comme prévuDans Rien ne se passe comme prévu, Laurent Binet rapporte quelques anecdotes de la campagne présidentielle de François Hollande, qu’il a suivie de l’intérieur (comme l’avait fait Yasmina Reza, auprès de Sarkozy, cinq auparavant, dans L’Aube, le soir et la nuit). La préface sonnait bien puisque l’auteur de HHhH promettait « d’imposer une forme romanesque à un contenu journalistique » à la manière de Hunter S. Thompson (l’auteur de Las Vegas Parano et l’inventeur du journalisme gonzo) et « d’appliquer une écriture théâtrale à certains épisodes qui s’y prêtaient ». Néanmoins, le résultat est un peu décevant et n’est pas à la hauteur des dialogues fictifs hilarants de La Septième fonction du langage.

On comprend que le livre n’ait pas eu un succès énorme car il n’ajoute pas grand-chose à la campagne vécue en direct et largement couverte par les médias (même si l’on rit maintenant en repensant au « capitaine de pédalo dans la tempête » de Mélenchon, à cet échange entre le leader du Front de Gauche et Marine Le Pen ou encore à l’enfarinage du candidat Hollande…). Si ce n’est, quelques témoignages sur la fabrique de l’opinion des journalistes, qui s’accordent entre eux après un événement politique pour en donner une description objective « moyenne ». Binet, lui, revendique sa subjectivité en invoquant encore Thompson :

Mis à part éventuellement les tableaux de résultats sportifs ou les graphiques des cours de la Bourse, une chose telle que le Journalisme Objectif n’existe pas*.

Il avoue son penchant pour la verve littéraire de Mélenchon (en reproduisant un passage des Misérables lu par le tribun du Front de Gauche à un meeting). Et nous gratifie de quelques commentaires drolatiques :

… il y a de grande chance que la « gauche molle » lui colle à la chemise jusqu’au bout de la campagne … (Mon père me rappelle ce slogan de 68 : « Votez dur, votez mou, mais votez dans le trou ! »)

Enfin, on en apprend quand même un peu sur la personnalité de François Hollande, qui paraît beaucoup moins mou que certains le pensent si on en croit Aquilino Morelle :

Pour faire de la politique, il faut deux choses : la santé et accepter de prendre des coups. Si vous êtes fragile physiquement, vous ne pourrez pas tenir, il faut faire autre chose. Et si vous ne supportez pas le critique, même chose. François lit tout ce qui s’écrit sur lui dans la presse mais il est fait en plumes de canard : les attaques glissent sur lui.

Et si on en croit cette pensée du candidat recueillie par l’écrivain :

On peut perdre du temps à vouloir aller trop vite.

C’est la thèse de Laurent Binet, François Hollande serait un modèle d’endurance, un « maître du temps », qui attend patiemment son tour (comme en 2006, lorsque sa compagne Ségolène Royal remportait la primaire socialiste ; comme en 2011, quand DSK sombrait dans des affaires de mœurs…), puisque « rien ne se passe comme prévu »…

Comme disait Valls :

François Hollande est un bouchon. Quand tout prend l’eau, il ne coule pas.

*Phrase extraite de Fear and LoathingOn the Campaign Trail ’72, un recueil d’articles couvrant la campagne présidentielle américaine de 1972.

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Cette entrée a été publiée le 2 octobre 2015 par dans Littérature, et est taguée , , , .
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