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Vendredi 15 juillet 2016. Douzième jour de notre aventure au Festival d’Avignon OFF 2016 : « Garde le silence et souris »
9h : Je marche sur les pavés de la ville encore endormie, en essayant de trouver une raison de sourire. Les images d’horreur de la veille font leur travail insidieux dans les esprits.
L’inanité des commentaires égocentriques qui abondent sur les réseaux sociaux est affligeante. Comment rapporter à soi une tragédie qui vous a épargné ? Le « je » est indécent, répugnant.
Il n’y a rien à comprendre. On nage dans une violence absurde. Sans ennemi. Sans cause. La folie pure et simple. Le même poignard aveugle qui s’est abattu sur Samuel Beckett. A côté de ça, la guerre est rassurante. Il n’y a rien à dire. Leçon d’Euripide :
Si tu n’as pas de mots plus forts que le silence, garde le silence.
Il n’y a de place que pour la compassion. Je me rappelle une lettre de ma grand-mère, dans laquelle elle évoquait la puissance du sourire. Nom de Dieu (pardonne-moi l’expression, Grand-Mère), ça ne coûte rien ! La nonagénaire béate et dorée comme une vieille indienne est sûrement dans son jardin breton. Comme d’habitude, elle goûte le moindre rayon de soleil avec un rictus discret qui dit merde à la mort.
J’aperçois deux amoureux qui flânent avec le programme du OFF sous le bras et c’est une évidence. Un jour comme celui-là, on ne s’abandonne pas à la mélancolie. Au contraire, on sourit deux fois plus.
13h : Je ne peux pas m’empêcher de rire franchement en voyant la tronche de ce bulldog :
17h : Quand on cherche des signes, on les trouve. J’aperçois un bel hommage à l’humour victorieux de Kundera :
20h : Encore une fois, il y a des jeunes et des moins jeunes au spectacle. Ils ont l’air content. Petit miracle.
22h30 : Malgré un brin de fatigue, je file en bus vers un village voisin, où deux copains se marient. Voilà une autre raison de sourire.
Prochain épisode : « Retour de noces »