La Compagnie Affable

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Mot du jour : « tabanard », étymologie fabuliste

Le mot du jour est tabanard. Non, ce n’est pas un juron québécois, ce terme peu élogieux est utilisé dans le Sud-Ouest de la France pour désigner une brute, une personne qui agit sans réfléchir, une sorte de bourrin. Je dis une sorte car il ne s’agit pas ici de la même bête. L’étymologie nous ramène à l’occitan tavan (prononcer « taban ») qui veut dire taon. En effet, ces gros insectes ont la fâcheuse manie de foncer contre les vitres (sûrement parce que les taons sont durs)…

On trouve aussi un verbe avec la même racine : tabanéger, qui signifie « tourner autour de quelqu’un ou quelque chose » et qui rappelle l’expression plus répandue la mouche du coche, que l’on doit au petit père La Fontaine. C’est dans Le Coche et la Mouche (dont nous avons parlé précédemment à propos de musicalité) que le fabuliste présente ce caractère irritant, qui s’agite autour de ceux qui triment et cherche à s’attribuer tout le mérite de ce qu’il a entravé par son omniprésente bêtise :

« Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

Bref, le taon agace tout le monde, même les bourrins, et ne brille pas vraiment par ses capacités de réflexion. Si l’on vous traite de tabanard, rendez un taquet… ou passez votre chemin !

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Cette entrée a été publiée le 11 décembre 2014 par dans Littérature, Mot du jour, et est taguée , , , .
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