Chaque fois que je discute avec un professionnel du théâtre (directeur de salle, producteur, régisseur, comédien…), le constat est le même : la fréquentation est en constante baisse. Mais est-ce que le public décline vraiment ou est-ce que le théâtre français joue les malades imaginaires ?

J’ai fait appel à mes souvenirs de webmarketing et je suis allé chercher des éléments de réponse sur Google Trends, le service qui donne les volumes de recherches effectuées pour un ou plusieurs mots-clés sur Google depuis 2004. Cet outil est particulièrement pertinent dans notre pays, puisque le moteur de recherche règne en maître sur les requêtes des internautes français (94% du volume des recherches totales en décembre 2012, d’après une étude ComScore). Voici donc le graphique qui montre l’évolution des recherches incluant le mot-clé « théâtre » en France de 2004 à aujourd’hui :

La chute est d’autant plus vertigineuse que dans le même temps, le volume de recherches totales effectuées chaque année sur le moteur de recherche n’a fait qu’augmenter, et l’utilisation d’Internet comme source d’information ou comme moyen de réservation s’est largement répandue. Pour vous donner matière à comparer, j’ai ajouté les statistiques du mot-clé « cinéma » (en rouge), « foot » (en jaune) et « porno » (en vert). Vous voyez que le cinéma semble connaître une crise similaire à celle du théâtre, même s’il s’agit d’un loisir plus populaire. En revanche, le foot et le porno sont en très bonne santé :

A noter tout de même la belle saisonnalité du théâtre : la fréquentation connaît un pic en octobre-novembre, s’affale en décembre, repart de plus belle en janvier, pour décroître lentement jusqu’à l’arrivée des beaux jours. Sans surprise, l’Île-de-France trône en tête des recherches; pour le reste, voilà le tableau si vous cherchez une terre d’accueil pour votre spectacle :

Je vous présente un autre outil que vous ne connaissez peut-être pas encore, la Cartocrise, qui recense les annulations et les suppressions de festivals en France depuis mars 2014. On voit bien l’effet dévastateur des coupes budgétaires du côté de l’Etat et des collectivités territoriales…

Peut-être était-ce le sens caché de l’intervention de Sébastien Thiéry aux Molières 2015 : c’est le théâtre qu’il faut aider Madame Pellerin, pas le porno !