La Compagnie Affable

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Dialogue OFFable avec Pierre Boucard, metteur en scène et comédien du Paquebot Tenacity

Le Paquebot Tenacity Charles Vildrac The Big Cat CompanyAprès notre entretien avec Thibault Rossigneux, nous rencontrons aujourd’hui Pierre Boucard, metteur en scène et comédien de la pièce Le Paquebot Tenacity, de Charles Vildrac, qui, forte de son succès de l’année dernière, revient à  l’Essaïon.

Bonjour Pierre, peux-tu nous raconter comment tu es « tombé » dans le théâtre ?

Pierre BoucardA 27 ans, ma copine de l’époque me disait que je devrais faire du théâtre. Comme je ne bougeais pas, elle m’y a carrément forcé et m’a dit un jour : « je t’ai inscrit ». Et je suis allé assister à une séance de travail au sein du cours animé par Véronique Daniel à Fontenay-sous-Bois. Ça a été une révélation. J’ai découvert un langage que je comprenais, une façon de s’exprimer dont j’avais envie. Avant, je n’allais qu’occasionnellement au théâtre. Je ne suis pas un enfant de la balle. Mon père est musicien, et j’ai reçu une éducation musicale mais là, avec le théâtre, pour la première fois je faisais quelque chose que j’aimais et où j’avais l’impression d’avoir quelques aptitudes. A la suite de cela, on me donne à travailler comme première scène de travail la scène du sac des Fourberies de Scapin où Scapin bastonne son maître. Comme je suis assez curieux, j’ai regardé si les Fourberies se jouaient quelque part et je suis tombé sur le spectacle d’Arnaud Denis au Petit Montparnasse. Le choc ! J’achète le DVD, je fais la groupie à la sortie, je regarde la bio d’Arnaud Denis sur Google… là, ça a été une claque puisque je vois que le mec a trois ans de moins que moi et qu’il a déjà un CV long comme le bras ! Puis, je vois qu’il a fait un certain cours Cochet. Quand quelques mois plus tard je demande à Véronique Daniel de me conseiller un bon cours à Paris, le nom du Cours Cochet revient. Je m’inscris donc pour Arnaud Denis, qui y donne un cours un samedi matin sur deux, sans savoir qui est Jean-Laurent Cochet… !

Le Paquebot Tenacity de Charles Vildrac est une pièce un peu « confidentielle » aujourd’hui, comment ce premier choix s’est fait ?

Je suis d’accord avec le terme « confidentielle », bien que je le déplore. J’ai découvert la pièce quand M. Cochet en a parlé un matin. Puis des élèves ont joué la scène où Ségard est blessé à la main et se retrouve seul avec Thérèse. J’ai noté tout ça dans un coin de ma tête. Pour être honnête, au départ, c’était Jean de la lune de Marcel Achard  que je voulais jouer en sortant. Je l’ai beaucoup travaillée en cours, c’est une pièce où il y a tout : de la poésie, de l’humour, de la tendresse mais aussi une certaine férocité… et on peut la monter avec cinq comédiens. Pas de chance, quand j’ai demandé les droits à la SACD, il y avait une exclusivité de 3 ans qui avait été accordée et pas de dérogation possible. Or chez moi, j’ai un petit tas de pièces que j’aime et la 2ème qui est sortie, sur une suggestion de Barbara, c’était Le Paquebot Tenacity. Je me suis rendu compte que cette œuvre était parfaite pour un début. D’abord bien que l’écriture soit quotidienne (pas de style littéraire comme chez Giraudoux par exemple), sa structure est parfaite. Elle est d’une grande densité et plus on la travaille, plus on se rend compte de la qualité de l’écriture. Tout ce qui se dit est essentiel, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est quasi-impossible d’y faire des coupes ! Vildrac nous donne la « substantifique moelle ». Il ne reste plus que l’essentiel, selon moi, du théâtre : on joue une situation. C’est la base du métier. Et je voulais que mon premier projet commence par poser les fondations.

On a parfois l’impression d’être au cinéma quand on regarde Le Paquebot, est-ce que ton théâtre est « naturaliste » ?

Je n’ai pas de parti pris dans la mise en scène. Pour le Paquebot, c’est simplement la mise en scène qui me semblait la plus efficace et la plus fidèle à la pensée de l’auteur.

Comment The Big Cat Company s’est formée, et pourquoi ce nom ?

Le théâtre est la seule chose qui me donne envie de me lever le matin, et je veux faire ce métier avec des gens que j’aime. Alors, l’idée de créer ma compagnie m’est venue très vite. Pour trouver les comédiens de la troupe, j’ai tout simplement parcouru le répertoire de mon téléphone et j’ai mis des rôles en face d’une sélection de contacts que j’imaginais dedans. J’ai fait passer des auditions à ceux que j’avais le moins vu jouer et on s’est embarqués sur le Paquebot !

Pour le nom, mes yeux sont tombés sur le chat de Barbara, qu’elle appelle « mon gros chat », j’aimais bien l’idée et quand elle m’a dit que c’était stupide comme nom, je lui ai dit comme une blague « en anglais, c’est mieux ! »… et le nom est resté !

As-tu des conseils pour les jeunes compagnies qui font Avignon ?

D’abord et surtout tracter à fond, surtout le matin, quand les gens sont plus disponibles et privilégier la qualité du contact plutôt que la quantité distribuée. Ensuite ne pas être les uns sur  les autres, il faut que chacun ait son espace et son autonomie pour que le groupe vive. Et enfin bien dormir ! La clim et l’anti-moustique sont des gros plus !

Un autre auteur qui t’inspire ?

André Obey. J’aime toutes ses pièces, mais, le flingue sur la tempe, je dirais peut-être sa pièce qui s’intitule Don Juan ou l’homme de cendres.

Une scène qui t’inspire ?

Dans l’Acte IV de Bérénice, la scène où Bérénice apprend que Titus l’abandonne : « Ah ! Cruel ! […] Que le jour recommence et que le jour finisse… » C’est bouleversant, rien que d’en parler, je suis ému.

Le Paquebot Tenacity Charles Vildrac The Big Cat Company Essaïon Festival AvignonUn comédien qui t’inspire?

Au cinéma, Matthew McConnaughey dans True Detective, Dallas Buyers Club… Au théâtre et en France, le couple Jean-Christophe Dollé – Clotilde Morgieve. C’est devant leur pièce Abilifaïe Leponaix sur la schizophrénie que j’ai vu pour la première fois une salle fondre en larmes au même instant.

Un mot qui t’inspire ?

Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement (Saint-Thomas d’Aquin)

Je remercie Pierre Boucard pour cet entretien. Le Paquebot Tenacity jouera sa 100ème au Festival OFF d’Avignon. RDV à l’Essaïon (33 rue de la Carreterie, Place des Carmes) du 4 au 26 juillet, tous les jours à 12h45. Pour réserver votre place sur le Paquebot c’est ici : http://www.billetreduc.com/117202/evt.htm

Découvrez Dialogue OFFable, notre série d’entretiens avec les acteurs du Festival d’Avignon

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