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Nous partageons aujourd’hui avec vous notre tête-à-tête avec Diane De La Croix, la metteur en scène de Moulins à Paroles d’Alan Bennett, trois monologues adaptés en français (Talking Heads) et interprétés par la comédienne Roxane Turmel.
Bonjour Diane, comment es-tu « tombée » dans le théâtre ?
J’ai commencé par le cours Cochet et puis je suis partie assez vite avec deux autres élèves pour jouer dans des tournées. J’ai réalisé que je voulais continuer à me former et je me suis inscrite au cours Simon, où je me suis retrouvée dans la classe de Chantale Brière. Mes camarades et moi avons joué tous les ans à Paris, puis je me suis tournée rapidement vers la mise en scène. Je suis plus metteur en scène que comédienne, en fait, c’est la direction d’acteurs qui me passionne.
Bonjour Roxane, comment es-tu tombée dans le théâtre ?
Je faisais du théâtre en amateur au lycée. Puis je me suis inscrite au cours Simon après des études de ciné/théâtre. A la base, je voulais faire du journalisme mais je suis tombée amoureuse du métier. Maintenant, je veux faire plein de trucs différents tous les jours avec tout un tas de personnes !
Roxane, comment la pièce est née ?
Quand je suis sortie du cours Simon, j’ai monté une pièce avec des camarades et on l’a jouée pendant un an. A la fin, j’ai voulu faire autre chose tout seule sur scène et j’ai repensé au 1er monologue de Leslie que j’avais travaillé avec Diane en classe. Je lui ai proposé de faire quelque chose avec et elle m’a dit oui !
Diane, pourquoi as-tu dit oui ?
Quand j’ai dirigé Roxane sur ce 1er monologue, je lui ai demandé d’aller à l’encontre de son rythme naturel. Elle s’est prêtée merveilleusement à ce travail et j’ai été très heureuse du résultat !
Et pourquoi Alan Bennett ?
Roxane : Je trouve que c’est un auteur très fin, qui dénonce plein de choses avec de l’humour et du second degré. C’est à la fois noir et poétique. C’est de l’humour noir anglais grinçant.
Diane : Pour moi, tout réside dans son écriture en forme de récit. Ce qu’on ne voit pas sur scène est rapporté. C’est très original, et c’est très beau. Il arrive à faire parler des femmes qui sont encore naïves, neuves. Leur sincérité est très touchante. Et c’est de cette naïveté confondante que provient le rire.
Roxane : C’est un auteur qui ne juge pas, et qui ne milite pas non plus. Ce n’est pas un féministe !
Diane : Il montre des femmes qui vivent dans l’ombre d’un père, d’un mari, d’un homme qui les utilisent et les limitent. Elles ont une vie rétrécie. Forcément, elles sont malheureuses et elles développent des addictions.
Roxane : On les voit grandir d’une manière étrange. Leur salut provient d’une situation sordide.
Diane : Il y a par exemple cette femme de pasteur qui ne croit pas en Dieu et ne sait pas ce qu’elle fout là. Elle va découvrir les délices du kama sutra en allant acheter de l’alcool chez l’épicier.
Roxane : Même chose pour le personnage de la bourgeoise et de la comédienne. C’est à la fois drôle et tragique. C’est une vraie comédie dramatique.
Diane, peux-tu nous citer un auteur qui t’inspire ?
Pour révéler un tempérament, j’ai toujours préféré Shakespeare et Molière. Pour moi, le théâtr c’est une confrontation de natures, de personnalités. En plus contemporain, j’aime bien Pommerat ou Melquiot, et, au milieu des quatre, Jules Renard !
Roxane, un auteur qui t’inspire ?
Michalik. Je trouve son Porteur d’Histoire innovant et touchant. Et sans prétention, sans prise de tête ! C’est un spectacle de qualité, qui arrive aussi à être drôle. C’est grâce à des auteurs comme lui que je veux continuer à faire ce métier.
Diane, un comédien qui t’inspire ?
Clark Gable quand il dit à Scarlett : « Franchement ma chère, c’est le cadet de mes soucis » dans Autant en emporte le vent.
Roxane, un comédien qui t’inspire ?
Susan Sarandon dans Thelma et Louise.
Diane, une scène qui t’inspire ?
La confrontation entre Blanche et Stella dans Un tramway nommé désir. (Le rôle de Blanche évidemment !)
Roxane, une scène qui t’inspire ?
La rencontre entre Harold et Maude.
Diane, un mot qui t’inspire ?
« Vouloir être dans le vent est une idéologie de feuille morte. » (Kundera)
Roxane, le mot de la fin ?
« Je suis professionnelle à mort. » (Alan Benett, monologue de Leslie dans Moulins à paroles)
Je remercie Diane et Roxane pour cet entretien. Moulins à Paroles se joue au Théâtre Carnot, 16, rue Carnot, à 14h30, du 4 au 26 juillet dans le cadre du Festival OFF d’Avignon. Pour réserver votre place c’est par ici : http://www.billetreduc.com/138860/evt.htm
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