La Compagnie Affable

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L’Uomo in più de Paolo Sorrentino : monologue de Tony Pisapia

L'Uomo in più Paolo Sorrentino Toni Servillo

Toni Servillo (Tony Pisapia) dans L’Uomo in più de Paolo Sorrentino (2001)

Version française

TONY PISAPIA : J’ai toujours voulu chanter. Je me souviens que quand j’étais gamin, ça énervait mon père, et moi, je chantais encore plus. Il me frappait, et moi, je chantais encore plus. Je me souviens des micros à perche. Je me souviens de Mina. De Walter Chiari, d’Alberto Lupo, Alberto, on piquait de ses fous rires avec Aberto. Je me souviens de toutes les salles où j’ai joué. De toutes les chansons que j’ai chantées, de toutes les loges. Tous les flashes des photographes, les dédicaces sur les disques. Les autographes, les tournées, les restaurants, les fous rires. Les larmes des spectateurs. Je suis né à Naples. Je me souviens de la ville pendant la guerre, j’avais seulement huit ans. Je me souviens du refuge à Piazzetta Augustea.

Et puis je me souviens que j’avais 6 smokings, 150 chemises, 90 paires de chaussures. Je me souviens de la première fois qu’on m’a mis les menottes, des larmes que j’ai versées. Toutes les larmes que j’ai versées quand on me changeait de prison, quand les gardiens me faisaient l’inspection anale. Je me souviens de tout… De tous mes compagnons de cellule. Je me souviens des fois où j’avais la voix faiblarde et où j’avais peur de monter sur scène. Je me souviens des fleurs dans les loges. Des femmes qui m’attendaient devant les loges, qui disaient qu’elles voulaient me connaître, qu’elles me trouvaient intéressant… ça se finissait toujours au lit.

Elles disaient que j’étais beau, mais je ne me suis jamais trouvé beau. Je me sentais puissant. Je me foutais des autres. Je me souviens de tout. La coke n’efface pas la mémoire, ce sont des conneries, ça fait trente ans que j’en sniffe et j’ai rien oublié. Tout le monde a sniffé pendant toutes ces années de merde. Il n’y a que les pauvres qui n’ont pas sniffé, et ils ne savent pas ce qu’ils ont perdu… Je me souviens qu’à New York, Frank Sinatra est venu me voir.

Je me souviens de ma mère quand elle était jeune. Qu’est-ce que je peux vous dire ? Elle restera la plus belle femme que j’ai connue. Et puis je me souviens d’un ami. Il s’appelait Antonio Pisapia. C’était un grand footballeur. Il voulait devenir entraîneur mais on ne l’a pas laissé faire. Et il s’est suicidé. Mais, moi, je ne me suiciderai jamais. Parce que je me souviens aussi… que j’ai toujours aimé la liberté. Vous, vous savez que dalle, vous savez pas ce que c’est. J’ai toujours aimé la liberté. Je suis un homme libre.

Version originale

TONY PISAPIA: Io ho sempre voluto cantare. Mi ricordo che da bambino mio padre si incazzava ed io cantavo ancora di più.  Mi picchiava. Ed io cantavo ancora di più. Io me li ricordo i microfoni a giraffa. Mi ricordo Mina. Walter Chiari, Alberto Lupo, Alberto, Alberto schiattava di risate con me. Ricordo tutti i teatri dove mi sono esibito. Tutte le canzoni che ho cantato, tutti i camerini. Tutti i flash dei fotografi, le dediche sui dischi. Gli autografi, le tournè, i ristoranti, le risate. Le lacrime degli spettatori. Io sono nato a Vigo Speranzella. Mi ricordo Napoli durante la guerra, avevo solo 8 anni. Mi ricordo il rifugio a piazzetta Augustea.

E poi mi ricordo che avevo 6 smoking, 150 camicie, 90 paia di scarpe. Mi ricordo quando mi hanno messo le manette la prima volta. Tutte le lacrime che ho pianto. Ma come piangevo quando mi trasferivano da un carcere all’altro. Quando le guardie carcerarie mi facevano l’ispezione anale. Mi ricordo tutti… tutti i compagni di cella. Io mi ricordo tutte le volte che avevo la voce bassa. E avevo paura a salire sopra il palcoscenico. Mi ricordo i fori dentro i camerini. Le donne fuori i camerini che dicevano che volevano conoscermi, che mi trovavano interessante. Ma poi si finiva sempre a letto.

Dicevano che ero bello, io non mi sono sentito mai bello. Io mi sentivo potente. Non me ne fragato mai un cazzo di nessuno. Io mi ricordo tutto.  E’ una strunzaaata che la cocaina ti scassa la memoria, so trent’anni che la tiro e non mi sono dimenticato niente. Io me la ricordo tutta la cocaina che mi sono tirato. Del resto tutti hanno tirato in questi anni di merda, chi è che non l’ha fatto?! Soltanto i poveri non hanno pippato e non sanno quello che si sono persi… Io mi ricordo quando cantai a New York e Frank Sinatra dovette venirlo a sentire su fenomeno di Tony.

Mi ricordo mia madre quando era giovane. Che vi devo dì. Comunque per me rimane la donna più bella che abbia conosciuto nella mia vita. Poi mi ricordo un amico. Si chiamava Antonio Pisapia. Era un grande calciatore. Voleva fare l’allenatore e non glielo hanno fatto fare. E si è suicidato. Ma io non mi siuciderò mai. E che un’altra cosa mi ricordo io. Io ho sempre amato la libertà. E voi non sapete manco che cazzo significa. Io ho sempre amato la libertà. Io sono un uomo libero.

Monologue extrait du film L’Uomo in più réalisé par Paolo Sorrentino (2001). 

→ Voir aussi notre liste de textes et de scènes issus du théâtre, du cinéma et de la littérature (pour une audition, pour le travail ou pour le plaisir)

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