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Nouveau mot ramassé dans le Requiem des innocents de Louis Calaferte : les fortifs ! Quésaco ? C’est l’abréviation – ou apocope – de « fortifications ». Quelles fortifications ? Celles qu’Adolphe Thiers fit édifier pour Paris entre 1841 et 1844, afin de protéger la capitale des invasions étrangères. Devenues obsolètes face à l’artillerie moderne et les obus de la Grosse Bertha, elles sont détruites entre 1919 et 1929. Elles marquent aujourd’hui l’emplacement du périph‘.
Photographie des fortifications de Paris édifiées par Thiers (1871)
Fortif’, c’est le fameux muros, d’intra ou d’extra muros. Et c’est aussi la « marge« , la « Zone » laissée par les ouvrages de défense, terrain vague récupéré par les laissés-pour-compte, bidonvillageois qu’on appelle bientôt les « zonards ». C’est un milieu interlope gangrené par l’extrême précarité, où sévissent les voyous et les maquereaux.
Enfants de la « Zone » d’Ivry, bidonville construit sur l’emplacement des anciennes fortifs
La « zone » fleurit à Paris, comme à Lyon, sur la boue des anciennes fortifications :
J’étais aussi crasseux que les autres. Comme eux, j’appartenais à une famille sordide du quartier le plus écorché de la ville de Lyon : la zone. Sous toutes les latitudes, on trouve ces repaires de repris de justice, de bohémiens et d’assassins en puissance. Je n’étais qu’un petit salopard des fortifs, graine de bandit, de maquereau, graine de conspirateur et féru de coups durs.*
*Louis Calaferte, Requiem des innocents, Folio, p.14.