La Compagnie Affable

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Les Demoiselles de Rochefort : Guillaume et Delphine

Catherine Deneuve Les Demoiselles de Rochefort Jacques Demy film

Scène pour un homme et une femme extraite de la célèbre comédie musicale de Jacques Demy. Delphine (Catherine Deneuve) retrouve Guillaume (Jacques Riberolles) dans une galerie de tableaux. C’est probablement la scène de rupture la plus joyeuse du cinéma français ! La chanson finale s’intitule « De Delphine à Lancien » (la vidéo suit le texte), et vous pouvez en adapter les paroles en simple dialogue si ça vous chante !

GUILLAUME : Bonjour, ma fleur.

DELPHINE : Bonjour, Guillaume.

GUILLAUME : Que tu es belle, mon âme.

DELPHINE : Quand tu dis « mon âme », c’est à mon corps que tu penses.

GUILLAUME : Exactement, mon cœur. Si je n’étais pas aussi amoureux de toi, je serais jaloux. Mais je t’aime. Et cela me rend orgueilleux. Et envieux, parce que j’ai toujours envie de toi.

DELPHINE : Au fond, je ne t’inspire que de très vilains sentiments.

GUILLAUME : Et aussi gourmand, et luxurieux…

DELPHINE : … et bavard. Tu t’écoutes parler et tu n’aimes que toi.

GUILLAUME : Moi et toi. Je t’aime.

DELPHINE : C’est pour me dire ça que tu voulais me voir ?

GUILLAUME : Tu ne m’aimes pas, mon cœur, et pourtant un jour, tu seras ma femme.

DELPHINE : Je t’ai déjà dit non, Guillaume.

GUILLAUME : Alors pourquoi viens-tu ?

Elle s’arrête devant le portrait peint par Maxence.

DELPHINE : Parce que tu m’amuses. Mais si tu y tiens, je peux ne plus venir. Mais c’est moi !

GUILLAUME : Oui, ma fleur. Tu ne m’avais pas dit que tu posais pour les militaires.

DELPHINE : Les militaires ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Qui a fait ce portrait ?

GUILLAUME : Mais je viens de te le dire : un militaire. Il se dit peintre, et poète. Tu vois le genre ! Tu le connais ?

DELPHINE : Non. C’est troublant, cette ressemblance. Tu ne trouves pas ?

GUILLAUME : Simple coïncidence.

DELPHINE : Mais c’est tout à fait moi !

GUILLAUME : Pas du tout, c’est platement figuratif. Toi, tu es spirituelle, mon âme. Non, c’est un portrait sans valeur. Une œuvre d’imagination. Et il l’appelle « Idéal féminin », en toute simplicité.

DELPHINE : « Idéal féminin »… Comme ce type doit m’aimer puisqu’il m’a inventée ! Comment est-il ?

GUILLAUME : Lui ? Fade. Insignifiant.

DELPHINE : J’aimerais rencontrer ce peintre.

GUILLAUME : Ah ! Dommage, il vient de quitter Rochefort. Il est à Paris pour quelques temps. Mais ce n’est absolument pas le genre de type qu’il te faut.

DELPHINE, chante : Mais, Mais que sais-tu de moi, toi qui parles si bien ?
Toi qui dis me connaître et pourtant ne sais rien, rien, rien, rien, rien ?
Que sais-tu de mes rêves et de quoi ils sont faits ?
Si tu les connaissais, tu serais stupéfait
Tu ne sauras jamais…

GUILLAUME, chante : Tu sais bien que je sais : Pourquoi me contredire ?

DELPHINE, chante : Tu ne sauras jamais pourquoi j’aime sourire, rire, rire, rire, rire
Tu ne sauras jamais pourquoi j’aime danser
Pourquoi j’aime passer mon temps à rêvasser
Pour toi je ne suis rien qu’une poupée de plus
Je me demande encore ce qui en moi t’a plu
Tu trouves mes propos plats et incohérents
Que je sois triste ou gaie te laisse indifférent
Jamais,
Jamais tu ne te poses la moindre question
Tu te moques de moi pour un oui pour un non, non, non, non, non
Tu dis aimer l’argent encore plus que toi-même
Et moi où suis-je alors quand tu dis que tu m’aimes ?
Si tu m’aimais vraiment…

GUILLAUME, chante : A quoi bon répéter ce que t’ai redit ?

DELPHINE, chante : Si tu m’aimais vraiment, autant que tu le dis, dis, dis, dis, dis, dis
Quand tu m’as assez vue, soupirerais-tu en
Disant « excuse-moi, le temps c’est de l’argent »?
Mais le temps mon ami, pour moi c’est de l’amour
C’est rire, c’est chanter tant que dure le jour
C’est aimer chaque nuit que le Seigneur a faite
Le temps, c’est de l’amour, vivre, c’est une fête !
Alors,
Alors n’espère pas devenir mon amant
Tu mens lorsque tu parles de tes sentiments, ments, ments, ments, ments
Reprends ta liberté et de fille en liaison,
Tu trouveras l’amour pour le prix d’un vison
Et puis tu m’oublieras…

GUILLAUME, chante : Pourquoi tout compliquer quand tout est si facile ?

DELPHINE, chante : Ton oeil s’allumera aux battements de cils, cils, cils, cils
S’il te plaît d’une fille à la voix de velours
Qui prendra ton argent en te parlant d’amour
Pardonne ma franchise et ma sincérité
Quant au coeur, si tu veux, mettons-le de côté
Évitons les amours aux lentes agonies
Et disons gentiment toi et moi, c’est fini !

DELPHINE : Adieu Guillaume.

GUILLAUME : Au revoir, mon coeur.

Elle sort. 

Voir notre liste de textes et de scènes issus du théâtre, du cinéma et de la littérature (pour une audition ou pour le plaisir)

 

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