La Compagnie Affable

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Mot du jour : « afur », argot fabuleux

âneLes gniards (1) vont pouvoir se rambiner (2) avec l’orthographe ! Ce mot d’argot peut s’écrire phonétiquement afur, avec deux -f, affur, ou encore avec deux -f et un -e, affure (même si c’est cette dernière forme qui semble l’emporter avec le correcteur orthographique). Il faut juste éviter le -ph en place du -f car la racine est latine : fur veut dire voleur (et a déjà donné furet et fureter en français).

1° Premier sens : l’affur est le produit d’un vol, le butin que partagent les voleurs. Petit à petit, il devient synonyme de gain, de profit (licite ou non). Voici une fable de La Fontaine (Les Animaux Malades de La Peste) transposée en argot par Marcus en guise d’illustration :

Ayant gaffé (3) leurs potes dévisser leur billard
Et claboter (4) de la pestoche,
Tous les bestiaux du monde s’étant filé rencard
Discutaient en se tapant la cloche.
– Je crois, jaspinait le lion, décarrant (5) du désert,
Que le ciel nous punit de nos arnaques
Et que pour nous rebecqueter, au lieu de fric et d’auber (6),
L’un de nous devrait payer de sa barbaque.
Le preu (7), je suis tout prêt à sacrifier mon lard ;
N’ayant pas été des plus chouettes
En becquetant les bêlants, ainsi que les deux clébards
Que trimbalait la môme Nénette.
– Te buter pour si peu, ton gniasse (8) n’est pas marteau ?
Bava le renard, un petit mariol.
Bêlants, bergères, cabots, ça compte pour ballepeau (9),
Mézigue (10) t’en file sa parole.
– Et bibi, dit alors un vioc bourricot.
D’un bout de champ, j’ai bouffé l’herbouze,
M’en fourrant plein le buffet sans lâcher un pélot (11) ;
Ne trouvez-vous pas ça tartouze ?
– Si, bavèrent tous en chœur les bestiaux réunis ;
Tu dois te taper la pilule.
Et sans plus de chichis, le bourricot fut occis
Pour avoir été trop régule.

Moralité

Les gros ont tout l’affur : pognon, perlot, bifteck,
Quant à celui qui trinque, c’est toujours le pauvr’ mec !

2° Second sens (seconde orthographe) qui se déplace chez Céline pour désigner un travail, un emploi, une occupation, générant un gain d’argent.

C’était un terrible afur le boulot qu’il s’envoyait ! (Mort à Crédit)

J’ai aussi trouvé ce beau morceau d’argot anonyme sur la toile (avec la troisième orthographe) :

On pourra jaspiner de nos petites affures sans craindre les esgourdes des roussins !

(Comprendre : « On pourra parler de nos petites combines sans craindre les oreilles des flics ! ») Gaffez la liste ci-dessous, c’est qu’un début, il nous reste un sacré afur avant d’avoir fait le tour de la jactance populaire !

(1) gniard : jeune enfant
(2) se rambiner : se réconcilier
(3) gaffer : voir
(4) claboter : mourir
(5) décarrer : s’enfuir
(6) auber : argent
(7) preu : premier
(8) ton gniasse, mon gniasse : toi, moi
(9) ballepeau : rien
(10) mézigue : moi
(11) pélot : petite monnaie, sou

Un commentaire sur “Mot du jour : « afur », argot fabuleux

  1. gildotchka
    18 août 2015

    A reblogué ceci sur Gildotchka's Bloget a ajouté:
    d’afur, très employé par Céline, pour ma part jamais entendu

    J’aime

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Cette entrée a été publiée le 13 décembre 2014 par dans Littérature, Mot du jour, et est taguée , , , , , , , , .
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