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Martine Carol dans Nana de Christian-Jaque (1955).
En matière de prévention sexuelle, les parents ont parfois du mal à trouver les mots justes. Comment aborder sereinement, et, qui plus est, avec efficacité, le sujet des maladies honteuses qui menacent nos jeunes batifoleurs ? Certains géniteurs, par peur d’être trop crus, recourent tant à la circonlocution que l’on en perd tout à fait le fond de leur propos. On en voit qui s’abritent derrière les « petits chapeaux » et autres « capuchons », et n’obtiennent en général de leur progéniture qu’un insouciant sarcasme. D’autres qui rêvent d’être encore « dans le coup » et s’assurent un malaise éternel en la jouant copain-copine. Ou encore ceux qui foncent tête baissée, et mettent les pieds dans le plat, en se croyant obligés d’avouer qu’un été, ils ont attrapé la chtouille dans un bordel d’Istanbul… Bref, pour inciter votre descendance à se protéger de cadeaux empoisonnés, je vous propose une nouvelle méthode. Une stratégie en parfait accord avec le programme du bac de français : donnez-leur à lire la dernière page du roman Nana ! Emile Zola y décrit l’agonie de son héroïne, dévorée par les ultimes symptômes de la syphilis, qu’elle a contractée au contact du beau monde. Certes, la courtisane n’eut pas la chance de connaître la pénicilline, mais, après tout, notre époque aussi a sa grande vérole. Et qui sait ? Peut-être que cette planche naturaliste illustrera la jeunesse, à la manière des photos apposées sur les paquets de cigarettes…
Une lumière vive éclaira brusquement le visage de la morte. Ce fut une horreur. Toutes frémirent et se sauvèrent. Nana restait seule, la face en l’air, dans la clarté de la bougie. C’était un charnier, un tas d’humeur et de sang, une pelletée de chair corrompue, jetée là, sur un coussin. Les pustules avaient envahi la figure entière, un bouton touchant l’autre ; et, flétries, affaissées, d’un aspect grisâtre de boue, elles semblaient déjà une moisissure de la terre, sur cette bouillie informe, où l’on ne retrouvait plus les traits. Un œil, celui de gauche, avait complètement sombré dans le bouillonnement de la purulence ; l’autre, à demi ouvert, s’enfonçait, comme un trou noir et gâté. Le nez suppurait encore. Toute une croûte rougeâtre partait d’une joue, envahissait la bouche, qu’elle tirait dans un rire abominable. Et, sur ce masque horrible et grotesque du néant, les cheveux, les beaux cheveux, gardant leur flambée de soleil, coulaient en un ruissellement d’or. Vénus se décomposait. Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux, sur les charognes tolérées, ce ferment dont elle avait empoisonné un peuple, venait de lui remonter au visage et l’avait pourri.
Extrait de Nana d’Emile Zola. Vous pouvez acheter le livre en ligne et le récupérer dans la librairie la plus proche via ce lien Place des Libraires : Nana – Emile Zola
Attention, Nana meurt de la petite vérole, qui est donc la variole, ce qui n’a rien à voir avec la Syphilis. Vous confondez avec la grande vérole qui s’oppose donc à la variole. De plus, Nana est infectée par l’intermédiaire de son fils, mourant de la même façon.
Vous devriez relire le livre…
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