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Aujourd’hui, nous rencontrons Emmanuel Gaury, co-auteur de la pièce Et si on ne se mentait plus ? présentée au Festival OFF d’Avignon, et qui fait déjà parler d’elle ! Découvrez la genèse de cette création très originale, qui met en scène l’amitié historique de cinq esprits français : Jules Renard, Alphonse Allais, Tristan Bernard, Lucien Guitry et Alfred Capus…
V. M. : Bonjour Emmanuel. Tout d’abord, peux-tu nous dire comment s’est formée l’équipe des Inspirés ?
E.G. : On s’est rencontrés sur les bancs de l’école (de théâtre). Après des parcours individuels divers, le même Cours d’art dramatique (chez Jean-Laurent Cochet) nous a réunis. Le collectif s’est formé autour du projet de la pièce il y a un peu plus de deux ans. Le temps qu’on écrive cette pièce, Maxence a proposé un scénario qui a donné lieu à un court-métrage : « Géni(e)s », tourné l’été dernier. Depuis on se définit comme un collectif, avec la petite devise suivante : « On écrit ce qu’on joue et on joue ce qu’on écrit » !
V. M. : Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de cette pièce ?
E.G. : C’est Mathieu qui a eu l’idée de la pièce. Après avoir lu les mémoires de Sacha Guitry, il nous a proposé de porter une amitié légendaire à la scène. Tout de suite séduits par l’idée d’incarner cinq amis de 1901, on lui a dit oui. Ensuite pendant 2 ans, Mathieu et moi avons co-écrit plusieurs versions du texte en alternant séances d’écriture et de lecture à cinq, pour arriver à cette dernière mouture que nous créons au OFF : « Et si on ne se mentait plus ? »
V. M. : Est-ce que tu peux nous raconter cette amitié qui liait réellement les protagonistes de la pièce ?
E.G. : C’est l’amitié réelle et formidable de Jules Renard, Alphonse Allais, Tristan Bernard, Lucien Guitry et Alfred Capus. L’un était un monstre sacré des planches, les autres des auteurs à succès, inventeurs, chroniqueurs, hommes politiques… Il se retrouvaient à l’occasion de déjeuners pleins d’esprit, et bien arrosés, où l’on riait souvent aux éclats. Ils s’adoraient. Leurs différences de tempéraments et d’opinions nous ont beaucoup servi pour imaginer cette pièce qui mélange fiction et réalité : c’est une espèce de multi-biopic théâtral. (Rires.) En deux mots : on a voulu tester la solidité d’une « bromance à cinq » (Re-rires.), cinq grands hommes reliés par des questions de gloire, d’argent, de femmes, et d’ego, naturellement. Alors qu’au théâtre c’est souvent l’amour qui est à l’honneur, ici, c’est l’amitié !
V. M. : Comment avez-vous donné corps à ces personnages sur scène ?
Il s’est passé la chose magique suivante : la distribution initiale n’a jamais bougé, et chacun de nous a retrouvé dans son personnage des éléments de sa propre vie. Pour l’un, c’était une ressemblance de caractère, pour l’autre, une trajectoire de vie… C’est un peu mystique ! Mais c’est sûrement aussi le fruit d’un travail d’appropriation, à force d’éplucher leurs biographies et leurs écrits : correspondances, œuvres, journaux intimes… Je tiens quand même à dire que nous ne faisons qu’évoquer les personnages, nous ne prétendons pas leur ressembler. D’ailleurs Maxence, qui incarne Jules Renard, n’a pas voulu se teindre en roux. Cela a été une question réglée dès le début. (Rires.)
V. M. : Allez, tu peux nous le dire, quel est ton préféré parmi les cinq ?
Ce n’est pas objectif, puisque c’est le personnage que j’incarne, mais Lucien Guitry est un comédien grandiose du début du XXème, le penchant masculin de Sarah Bernhardt. Je l’aime beaucoup, c’était un forçat de travail, le père de Sacha, qu’il a beaucoup inspiré, un grand et bel esprit. Après, tout l’intérêt de la pièce réside dans le fait qu’ils se complètent très bien tous les cinq, comme des couleurs complémentaires sur un tableau.
V. M. : Qu’est-ce que tu nous recommandes de Lucien ?
Il n’a pas laissé beaucoup d’écrits, donc je recommande surtout de se pencher sur sa biographie. Par exemple, à dix-huit ans, il a été le seul élève de sa classe au Conservatoire à retenir l’attention de l’administrateur de la Comédie-Française ; et il a tout bonnement refusé sa proposition d’embauche ! Ses raisons : il préférait jouer les grands rôles tout de suite plutôt que d’attendre 20 ans, qu’on daigne enfin les lui confier. Il est donc allé en Russie jouer un rôle par semaine… pendant 9 ans ! Cet épisode donne un aperçu de sa personnalité, de sa volonté et de ses capacités extraordinaires.
V. M. : Une citation de la pièce pour conclure ?
« Le mensonge, surtout en amitié, c’est ce qui met du poivre dans le sel de l’existence ! »
C’est librement inspiré de notre cher Alphonse Allais.
Les Inspirés jouent Et si on ne se mentait plus ? tous les jours à 13h35 à l’Espace Roseau. Réservez vite car la pièce affichait complet après 2 jours de festival ! Visez cette réaction de spectateur :
Plus de mots. Nous n’avons plus de mots.
Nous sortons à l’instant de « Et si on ne se mentait plus? ». 1ère création de la compagnie @Les_Inspires.
Courez-y. C’est complet avec des liste d’attente.
Un article rapidement sur cette pépite du #Off18. https://t.co/eZEJYPHx9Q— Culturotopia (@culturotopiaoff) 9 juillet 2018
Et si vous habitez Paris, vous pourrez retrouvez nos cinq compères au Lucernaire du 29 août au 14 octobre 2018. Vous pouvez également suivre les aventures de ce collectif très enthousiaste sur leur page Facebook : https://www.facebook.com/LesInspireslapage/