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Figures de style : de la Fontaine à Booba – Exercices rapologiques corrigés

Figures de style : de La Fontaine à Booba livre Valentin MartinieEn plus de la soixantaine d’exercices corrigés qui se trouvent dans le livre Figures de style : de La Fontaine à Booba, vous trouverez ici d’autres punchlines et extraits de chansons de rap pour vous entraîner à reconnaître les différents procédés stylistiques. Ça vous servira peut-être pour l’épreuve du commentaire littéraire au bac de français ! Et si vous voulez analyser des morceaux de littérature, c’est par ! (La liste est en cours de construction, j’alimente la page au fil de mes écoutes… N’hésitez pas à proposer d’autres exemples ou à poser vos questions dans les Commentaires.)

Identifiez une ou plusieurs figures de style dans les exemples suivants (les solutions des exercices se trouvent en bas de la page) :

1. « La vie, ce velours sur les murs d’un bordel »

Lucio Bukowski x Mani Deïz, « Les corbillards ne payent pas de parcmètre », Chansons, 2018.

2. « Hara-kiri dans un bar rassis, paradis par acquis parasite
Abâtardi par la paraffine, barre à mine en main, tu parles à qui ? »

Lucio Bukowski x Mani Deïz, « Les corbillards ne payent pas de parcmètre », Chansons, 2018.

3. « Sex-voto, chacun sa petite mort, la renaissance offre des perspectives »

Lucio Bukowski x Mani Deïz, « Les corbillards ne payent pas de parcmètre », Chansons, 2018.

4. « Moyen-Âge 2.0 »

Lucio Bukowski, « Le pas de l’homme tranquille qui ne va nulle part », Oderunt Poetas, 2016.

5. « Schizophrène dans un rôle aphone en robe à fleurs »

Lucio Bukowski, « Le pas de l’homme tranquille qui ne va nulle part », Oderunt Poetas, 2016.

6. « Tu es un train, puisque depuis tout petit posé sur des rails / De l’école privée aux scouts, du scout à l’église, de l’église à la prépa, de la prépa à HEC, d’HEC à ce poste de PDG »

Klub des Loosers, « Le Manège des Vanités », Vive la vie, 2004.

7. « Ce matin un lapin a fumé un keuf »

Booba, « N°10 », Panthéon, 2004.

8. « C’que vous faites c’est incroyable, mais nous on est incroyaux »

Caballero & JeanJass feat. Roméo Elvis, « Incroyaux », Double Hélice 3, 2018.

9. « Je trouverai mon Abyssinie, moi, l’Arthur Rimbaud »

Gaël Faye, « Je pars », Pili pili sur un croissant au beurre, 2013.

10. « Finalement, c’est p’t’êt’ les épines qui ont des roses »

Médine, « Storyteller », Storyteller, 2018.

11. « j’fais toujours les mêmes choses, même le jour de mon anniversaire »

Jazzy Bazz,  « 64 mesure de spleen », Sur la route du 3.14, 2012.

12. « Je donne l’alarme avant qu’elle ne coule sur ta joue »

Jazzy Bazz, « 64 mesures de spleen », Sur la route du 3.14, 2012.

13. « Et comme son père est le voisin de mon père, c’est pas un milliardaire »

Fabe, « Quand j’serai grand », Détournement de son, 1998.

14. « Forces de l’ordre font bavures, texte résiste aux ratures »

Damso feat. Booba, « Paris c’est loin », 2016.

15. « Le toit est en feu, le feu est en toi »

Nekfeu, « Au coeur du G », Feu, 2015.

16. « J’ai grandi sur une île sans mer, aux vagues sèches et grises
Sur les hauteurs, je flottais en visant les autres rives »

Oxmo Puccino, « Pam-Pa-Nam », Roi sans carrosse, 2012.

17. « La Liberté était là y’a pas longtemps
L’Égalité l’a prise par la main
Elles sont parties avec le vent »

Shurik’n, « L.E.F », Où je vis, 1998.

18. « Adieu les ouvriers, ces produits périmés  »

Orelsan, « Suicide Social », Le Chant des Sirènes, 2011.

19. « Adieu cette France profonde,
Profondément stupide, cupide, inutile, putride »

Orelsan, « Suicide Social », Le Chant des Sirènes, 2011.

20. « Ressens des frissons
Quand je télécharge des applications »

Zippo, « Noeud de cravate », Zippo contre les Robots, 2018.

21. « J’ai merdu »

Vîrus, « La nuit se lève », sur l’album d’Al Tarba La Nuit se lève, 2017.

22. « Si tu veux pas entendre la suite
Tu peux encore prendre la fuite
Tout dépend de tes penchants, de tes pensées, de tes pansements… »

Stick, « Jusqu’en enfer », 2018.

23. « Et sur l’écran je me demande ce qui pouvait se passer
Au moment où ses cheveux ont arrêté de pousser »

Zippo, « L’homme à la tête creuse », Zippo contre les robots, 2018.

24. « Les clichés, ça part vite / Et puis c’est cathartique »

Zippo, « Charlie », Zippo contre les robots, 2018.

25. « Dans les bars / Pour y boire / Pour être saouls / Pour être fous / Pour être un tout p’tit peu c’qu’ils étaient au départ »

Zippo, « La mer monte », Zippo contre les robots, 2018.

26. « Premiers sur les guerres injustifi-ées
Fondées sur des preuves falsifi-ées
Au risque de vous horrifi-er
Y’a qu’à Hollywood que vous êtes glorifi-és »

Kery James feat. Kalash Criminel , « PDM », 2018.

27. « un toboggan dirigé vers le vide »

Istah, « S.A.S.R », 2014.

28. « L’abeille coule »

Zippo, « L’abeille coule », 2019.

Corrigé : 1. Pas d’outil de comparaison, c’est donc une métaphore. 2. Nombreuses paronomases : «bar rassis», «paradis», «par acquis», «parasite», «paraffine», «barre à mine», «parles à qui» / Lucio emploie une métonymie avec «paraffine». Ce mot désigne une substance constituée d’hydrocarbures qui est utilisée dans l’industrie, pour graisser les machines, par exemple, ou pour produire des cosmétiques. Ce sont les usages que nous faisons de la paraffine que le rappeur vise, sans les nommer directement. (D’ailleurs, le titre du morceau est aussi une métonymie, puisque ce sont les conducteurs de corbillards, et non les corbillards, qui «ne payent pas de parcmètre») 3. «Sex-voto» est un mot-valise. C’est la contraction de «sexe» et d’«ex-voto» (un objet placé sur un autel ou dans un lieu sacré en mémoire d’un voeu qui a été fait pendant une épreuve comme la maladie) / La «petite mort» est une périphrase qui désigne l’orgasme / Lucio fait une syllepse de sens en employant les mots «renaissance» et «perspectives» : dans un sens, c’est une allusion à la perspective graphique, inventée par les artistes de la Renaissance, et dans un second sens plus abstrait, il évoque peut-être l’espérance qui renaît dans l’amour… 4. Oxymore qui caractérise la régression causée par certaines innovations : nous devenons dépendants de la technologie, narcissiques, et asociaux dans le monde réel, en résulte une «hémorragie d’humanité», qui nous ramène au Moyen-âge… 5. Allitérations en -f et -r, et assonance en -o. 6. Concaténation qui montre bien comment notre environnement familial et socio-économique peut déterminer notre existence (à Versailles ou ailleurs), nous entraînant dans un vilain «Manège des vanités». Pour appuyer encore son message, Fuzati file encore la métaphore ferroviaire : «Attention prochain arrêt en gare de la normativité»… 7. Détournement comique du fameux refrain de Chantal Goya. 8. À première vue, on dirait un barbarisme, mais c’est un mot-valise qui contracte «incroyables» et «royaux». 9. C’est une double antonomase qui transforme les noms propres «Abyssinie» et «Arthur Rimbaud» en noms communs. Dans cette chanson intitulée « Je pars », Gaël Faye se compare au jeune Rimbaud, qui quitta la France à vingt ans, dégoûté par la vie parisienne, pour devenir marchand d’armes dans la Corne de l’Afrique… 10. Hypallage : Médine a interverti la place logique des «roses» et des «épines», et nous invite ainsi dans le morceau « Storyteller » à regarder l’histoire sous un autre angle. 11. Antanaclase : «même» est d’abord utilisé en tant qu’adjectif, puis en tant qu’adverbe, soit dans deux sens différents. 12. Calembour. 13. Litote : Quand Fabe dit que le père de son pote n’est pas un milliardaire, il nous fait comprendre que cet homme est pauvre. 14. Ellipse : Damso (comme son mentor Booba) fait sauter les articles devant les noms communs pour économiser les mots et obtenir un style plus compact. 15. Chiasme et calembour : «le toit est en feu» est sûrement une référence au morceau de Rock Master Scott and The Dynamic Three, dont les paroles finales – «The Roof is on fire ! We don’t need no water, let the motherfucker burn! Burn, motherfucker, burn!» – ont été souvent reprises et sont devenues un hymne festif. 16. Métaphore filée. 17. Allégories. 18. Réification (ou Chosification) : Orelsan compare les «ouvriers» à des «produits» pour montrer que le capitalisme incite à traiter les hommes comme des vulgaires consommables. 19. Orelsan fait une accumulation d’adjectifs dépréciatifs pour exprimer tout le mal qu’il pense de la «France profonde». / Les sons de «stupide», «cupide», «inutile» et «putride» forment en outre des rimes internes dans le vers : les sons -u et -ide se répètent successivement, c’est ce qu’on appelle une paréchèse. On a aussi un cas particulier de paréchèse, puisque la répétition du son final -ide crée un homéotéleute. / Par ailleurs, toute la chanson « Suicide Social » est une énumération construite sur l’anaphore «Adieu…». Toutes ces figures de style visent le même objectif : enfoncer le clou ! 20. C’est évidemment une antiphrase ! Ecoutez le reste de l’album de Zippo pour vous en convaincre (La chanson suivante – « Le meilleur des mondes » – commence par une phrase tout aussi ironique : «Tout va bien… Tout va bien… Tout va bien…»). 21. Encore un néologisme de Vîrus façon mot-valise : le rappeur fusionne «merdé» et «perdu» pour accentuer son sentiment d’échec. 22. Paréchèse : Stick accumule le même son, ça fait panpanpanpan ! 23. Euphémisme : Zippo évoque ici la mort du bonhomme de manière originale. 24. Rime multisyllabique : au sein de ces deux vers, les sons vocaliques se font écho (é – i – é – a – a – i / é – i – é – a – a – i). 25. Épitrochasme : les mots brefs se succèdent comme des shots avalés à la chaîne sur un zinc. 26. OK, il faudrait l’écouter… Mais vous verrez que Kery James fait claquer la diérèse pour signifi-er à Donald Trump que son Amérique est un PDM… 27. Belle métaphore pour exprimer la joie puérile avec laquelle certains contemporains se vautrent dans le néant des idées et des valeurs. 28. C’est comme «pisser dans la glycine»… Allez… Non… ? Vous voyez pas… ? Bah, c’est une contrepèterie, quoi !

(D’autres exemples à suivre… Si quelque chose n’est pas clair, n’hésitez pas à poser vos questions dans les Commentaires !)

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© Figures de style : de La Fontaine à Booba, Valentin Martinie, 2018.

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