Textes & Scènes de Théâtre / Dialogues de Cinéma / Séries / Littérature / Philo / Poésie…
Manuela a été placée dans un pensionnat de jeunes filles après le décès de sa mère. Une fête est organisée pour l’anniversaire de la terrible directrice de l’établissement. Les élèves donnent une représentation de Roméo et Juliette, dans laquelle Manuela joue l’amoureux avec éclat. Après de nombreux verres de punch, complètement ivre, elle redonne le monologue en remplaçant le nom de Juliette par celui de sa professeure de littérature, Mademoiselle Von Bernburg… (La traduction en français précède le texte original en allemand.)
MANUELA, ivre. — Les enfants, c’est le plus beau jour de ma vie !
Une jeune fille s’exclame : « Manuela, refais-nous le monologue ! », et la vedette du jour est portée sur la scène pour rejouer la scène du balcon.
MANUELA. — « Quel son argentin, dans la nuit, a la voix de la bien-aimée ! Quelle suave musique… Mais doucement ! Quelle est cette lueur à la fenêtre ? Le jour se lève et Juliette est le soleil ! La lune est jalouse, et pâlit de douleur ! Son regard parle, et je veux lui répondre. La voilà, ma déesse, mon amour… mademoiselle von Bernburg ! » (Dans l’assistance, toutes les jeunes filles écarquillent les yeux.) Pourquoi vous me regardez comme ça… ? Elle le sait. Elle le sait parfaitement ! Et elle m’aime tout autant ! (Son amie lui souffle : « Tais-toi, Manuela. ») Elle m’a offert une robe. Une robe de soie. Non, non, pas une robe… une chemise. Une de ses chemises. Pour que moi, je la porte, et pense à elle. Non, elle n’a pas dit ça. Elle n’a pas besoin de le dire. Je sais très bien qu’elle… qu’elle m’aime. (La directrice entre en criant « Achtung! ». Les pensionnaires se figent toutes, sauf Manuela.) Je n’ai pas peur. De personne. Personne du tout ! (Par défi, elle se saisit d’un nouveau verre de punch.) A votre santé ! A votre santé, mademoiselle von Bernburg. (Elle boit.) Je vous aime… (Elle crie avant de s’évanouir.) Oui, je vous aime !
MANUELA: Kinder, das ist der schönste Tag meines Lebens!
« Wie silbersüß tönt durch die Nacht die Stimme der Liebenden, gleich lieblicher Musik. Doch still! Was schimmert durchs Fenster dort? Es ist der Tag une Julia die Sonne. Der Mond ist neidisch und vor Grame bleich. Ihr Auge blickt, ich will ihm Antwort geben. Sie ist es, meine Göttin, meine Liebe, Fraülein von Bernburg. »
Was schaut ihr mich so an? Sie weiß es, sie weiß es ganz genau und sie liebt mich so, wie ich sie liebe. Sie hat mir ein Klein geschenkt, ein seidenes Kleid. Nein, nein, kein Kleid, ein Hemd. Ein Hemd von ihr und ich, ich soll es tragen und an sie denken. Nein, das hat sie nicht gesacht, brauch sie auch gar nicht. Ich weiß es auch so dass… dass sie mich liebt.
Ich habe keine Angst. Vor niemanden. Vor gar niemanden! Prost. Prost, Fraülein von Bernburg. Ich liebe Sie. Ich liebe Sie!
Extrait du film Mädchen in Uniform (Jeunes filles en uniforme) réalisé par Géza von Radványi. N’oubliez pas qu’il est impossible de travailler un texte sans l’œuvre complète.