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Je voudrais revenir sur une scène précise de Mommy de Xavier Dolan car j’ai une profonde horreur des embouteillages. Qui les aime, me direz-vous ? Plus de gens qu’on croit, puisqu’ils les subissent à longueur de journées. Ils n’ont pas le choix ? Vraiment ? Je vous en prie, nous avons tous vu Michael Douglas dans Chute Libre (Falling Down) ou du moins Disiz La Peste dans son clip-parodie « J’pète les plombs »… C’est un double cauchemar à la Miller : l’air conditionné des habitacles souffle sur l’inintelligence collective de tous ces vers luisants qui ne rampent même pas en file indienne.
Dans une interview récente, Depardieu disait (en gros) : « l’enfer, c’est l’inertie des autres ». Je pourrais défendre tous les motards éperdus de liberté qui rejouent Mammuth ou Easy Rider sur le périph’ s’il ne me restait pas une haine vivace de chauffeur vexé par leurs dépassements moqueurs. Est-ce qu’on exempte les nains de faire la queue ? Non. La seule raison qui nous retient d’ouvrir la portière en grand est juridico-financière (la statistique du don d’organes est contre les livreurs de pizzas…). Réflexe sédentaire de bourgeois compartimenté, trop content, au fond, d’avancer assis.
Qui est ce punk qui danse avec son chariot métallique sur le parking d’un supermarché ? On comprend a posteriori. Quoi de plus jouissif que d’emprunter la route avec un caddie et de jeter des poivrons par-dessus l’épaule sur les cons qui klaxonnent ? Here we go! Mario Kart ou La Liberté. Contrairement à Steve, avec un peu de malchance, je ne finirai pas interné. Et j’irai purger ma peine de rat responsable dans les gruyères français. Comme le dit Ajar (qui veut dire souris en hongro-finnois) dans Pseudo : « tu ne pourras pas continuer longtemps à être diagnostiqué, les conditions pour être reconnu comme dingue deviennent chaque jour plus difficiles, à cause de l’inflation. »