La Compagnie Affable

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Choisir un cours de théâtre à Paris : témoignages d’anciens élèves – le cours Florent

Après avoir décrit mon expérience au cours Cochet, voici le témoignage d’un jeune comédien formé au cours de théâtre parisien le plus célèbre : le cours Florent.

Alexis Gilot classe libre cours Florent Paris comédienAlexis Gilot a suivi deux ans la formation d’acteur au cours Florent avant d’intégrer la très sélective Classe Libre, offerte à une poignée d’élus. Un an et demi après sa sortie du cours Florent, Alexis est -entre autres- à l’affiche de Chère Elena au Théâtre de Poche-Montparnasse, dans une mise en scène de Didier Long. En plus de son expérience professionnelle, il a fait un passage à l’Ecole du Jeu et chez Auvray-Nauroy, ce qui lui donne un recul appréciable pour nous parler de Florent. Défrichons avec lui le mythe !

La méthode : « Il n’y a pas une méthode à Florent. Il y a autant de méthodes qu’il y a de professeurs différents. » Chaque professeur a sa pédagogie mais ce qui ressort dans le témoignage d’Alexis, c’est la volonté commune de l’équipe enseignante de développer la personnalité du jeu. Ils posent la question : « Toi, qu’est-ce que tu as à dire sur le sujet ? » « le personnage c’est de l’encre sur un bout de papier » dit souvent Jean-Pierre Garnier. On nous apprend à tisser un lien fort entre soi – ce qu’on veut défendre sur un plateau, nos désirs, nos valeurs, nos idéaux – et le rôle, c’est-à-dire le texte. Avec le souci constant de ne pas trahir la pensée de l’auteur.

Les professeurs font des corrections de base, donnent quelques indications, puis c’est à l’élève de faire sa propre cuisine technique.

Alexis a étudié un grand nombre d’auteurs, allant des Classiques jusqu’à des textes contemporains pas encore édités ! Seules les pièces au sujet banal, sans fond véritable (il me donne Yasmina Reza en exemple, c’est lui qui l’a nommée !), sont prohibées.

Contenu des cours :

1/ La Formation d’acteur (cours payants – 3 ans)

Travail sur des textes ou des scènes de théâtre classique et contemporain. De nombreuses options sont disponibles : masque, corps en jeu, diction, improvisation, jeu en anglais, travail vocal, atelier d’écriture, cinéma, chant choral, droit et économie du spectacle (très utile !, ndlr). Les cours de préparation aux écoles nationales sont en 2e module de 3e année (de novembre à mars, et jusqu’en mai pour ceux qui passent les tours des concours)

2/ La Classe Libre (gratuit – concours très sélectif – 2 ans)

Deux années incroyables

En Classe Libre, on suit le matin les cours de la formation professionnelle de 3e année. Et l’après-midi est dédié aux cours de classe libre (qui peuvent finir à 1h du matin !). Dans nos cours de module de 3e année du matin, on prépare un spectacle dès septembre, qu’on joue en novembre. Et en classe libre, l’après-midi, on a un stage de 5 mois avec Jean-Pierre Garnier dès septembre qui aboutit à un spectacle joué en février.

Au début de chaque cours, chacun peut lancer ou proposer au groupe des réflexions personnelles. Jean-Pierre Garnier propose aussi à ses élèves de faire un travail collectif sur un thème en toute liberté artistique. En 2e année, on a fait des stages avec des intervenants : Marie-Christine Orry est venue nous faire travailler l’approche du comique (c’était une recherche, pas un cours de recettes efficaces), avec des textes de Rémi De Vos.  Puis, Florence Pelly nous a initiés au cabaret. Et avec François Orsoni, on a adapté le roman d’Odon Von Horvath Jeunesse sans Dieu.

Rythme : 9 heures de cours par semaine correspondant à un des quatre horaires de la journée (9-12h ; 12h30-15h30 ; 16h-19h ; 19h30-22h30). Les quatre classes sont organisées en fonction de ces horaires et dépendent chacune d’un professeur principal. Il est possible de suivre en plus les cours d’un autre horaire (avec un autre professeur). Et comme nous l’avons dit plus haut, vous pouvez  aussi ajouter aux 9 heures hebdomadaires des enseignements spécialisés. Il y a quatre « échéances » par an dans une classe, où l’on évalue la progression des élèves.

Nombre d’élèves : Dans les classes de la formation d’acteur, il y a entre 25 et 40 personnes. La Classe Libre compte seulement une vingtaine d’élèves.

Ambiance : Ma promo de classe libre a été incroyable question ambiance mais ça dépend des promos. Certaines ne fonctionnent pas. Et dans les cours payants, il y a des classes qui fonctionnent très bien avec de supers groupes très soudés. Mais tout au long de la scolarité à Florent, il y aura des moments où on se sentira bien au milieu d’un groupe, et, à d’autres, où on sera dans une grande concurrence.

Prix : 1/ Formation d’acteur : 1ère année 390 euros/mois, de septembre à juin ; 2ème année : 380 euros/mois, de septembre à juin ; 3ème année : 370 euros/mois, de septembre à mai. Le mois de juin est gratuit. Frais d’admission : 330 euros.

Audition d’entrée : 1/ Pour la formation d’acteur : après un stage ou à l’issue d’une audition si vous avez une expérience théâtrale. 2/ Pour la Classe Libre, il faut passer une concours international très sélectif (20 élèves reçus sur 2000 candidats…) avec 3 tours.

Lieux : Plusieurs lieux dans le XIXème arrondissement, très bien équipés en matériel et modulables en fonction des besoins (cours, répétitions, spectacles).

Salles de répétition : Oui. Et c’est gratuit ! Il suffit de réserver.

Professeurs : Jean-Pierre Garnier, le professeur de la Classe Libre et de 3e année pour la formation pro (auteurs fétiches : Schiller, Lagarce, Shakespeare, Koltès …). Julien Kosellek, qui encourage la création artistique. Cyril Anrep, qui ne ménage pas les élèves, ce qui n’empêche que ces derniers se bousculent pour assister à ses cours…

Intervenants : 1/ Rarement dans les cours payants. Parfois quelques anciens (Guillaume Canet, Isabelle Nanty, Vincent Lindon…). 2/ En 2e année de Classe Libre (cf. ci-dessus), des intervenants animent des stages.

Scènes publiques et spectacles : 1/ En fin de 2e année, un spectacle est présenté. En 3ème année, c’est à la fin du 1er module et du 3e module. Après lesquels, on a les travaux de fin d’étude (TFE) : n’importe quel élève peut monter un spectacle qui sera représenté deux fois à la fin de l’année. Les TFE donnent lieu à un « bordel joyeux » avec entre 70 et 120 spectacles différents. Tout est mis à la disposition des élèves, à l’exception d’éléments de décor spéciaux. 20 spectacles sont choisis et rejoués pour 3 représentations en octobre. 2/ Plusieurs spectacles en Classe Libre (cf. ci-dessus)

Audition devant des professionnels : Pas d’audition spécifique comme au cours Cochet, mais les élèves de la Classe Libre peuvent jouer des spectacles devant des professionnels durant l’année. La personne chargée des relations extérieures organise des auditions devant des agents plusieurs fois par an pour une poignée d’élèves qu’elle choisit… en toute discrétion…

Réseau : La personne chargée des relations avec l’extérieur mais elle a ses chouchous. Florent est un environnement concurrentiel où les rivalités jouent. C’est à chacun de se faire un réseau. Personnellement, je fais partie de trois collectifs différents d’anciens avec qui je joue depuis ma sortie (Damaetas : damaetas.com, La compagnie Robert aime Jocelyne : robertaimejocelyne.com et le collectif La Cantine : collectiflacantine.com).

Les Plus : On est vraiment poussé à la création, avec beaucoup de moyens à notre disposition, et, par exemple, les travaux de fin d’étude, s’ils sont sélectionnés, permettent de mettre le pied à l’étrier. Et puis, avec tant de monde qui vient chez Florent, on est forcé de rencontrer des gens doués et des personnalités intéressantes. Tout particulièrement dans la Classe Libre. J’étais avec des gens passionnants dans un environnement multiculturel exceptionnel (il y avait une Chinoise, une Hollandaise, un Belge, une Allemande, un Américain, une Italienne…) !

Les Moins : Sans méthodologie unifiée, il faut se faire son propre chemin, en affirmant ses goûts, sa personnalité. Je comprends que certains élèves soient perdus un temps. On peut tous tomber dans le piège d’imiter la façon de jouer d’un professeur ou d’un « élève-star » alors qu’au contraire, on est poussé à se trouver. C’est l’avantage et l’inconvénient de la liberté.

Alexis Gilot classe libre cours Florent comédienMeilleur souvenir : Un moment de grâce collectif en 1ère année de Classe Libre. On a fait une représentation intégrale des Brigands de Schiller, en six heures. Tout le monde était dedans. On était complètement ensemble. Le public était super ému et, du coup, nous aussi.

Pire souvenir : J’essayais tant bien que mal de jouer une situation à côté d’un camarade qui était couché par terre pour faire un cadavre. Le prof arrêtait pas de me corriger. J’essayais de faire ce qu’il me demandait, mais j’y arrivais pas. Tout le monde s’ennuyait en face. Après une heure comme ça, on n’y était toujours pas, j’étais à deux doigts de craquer nerveusement… Et là, le mec qui jouait le cadavre s’est mis à ronfler… !

Sa scène préférée : Dans Le Prince de Hombourg de Kleist. La scène où le Prince, condamné à mort par l’Electeur, s’échappe de prison pour aller implorer sa tante (l’Electrice) de lui sauver la vie.

La scène qui l’ennuie : Une scène entre Arlequin et Lelio dans La Surprise de l’Amour de Marivaux.

La question-piège : Est-ce que c’est vrai qu’on vous demande tout le temps de vous foutre à poil ?

C’est faux, personne n’est obligé de se mettre à poil. Quand je l’ai fait pour le montage des Brigands en 1ère année, je l’ai fait parce que ça avait un sens pour moi. Ca symbolisait un retour aux origines. Sinon, je l’aurais pas fait. Rien n’est imposé.

Conclusion : Même si on peut se demander si l’ambition de Florent est de former des comédiens pour le théâtre public (la moitié des promotions du Conservatoire vient de Florent), c’est une école qui permet de faire n’importe quoi et qui encourage à monter des projets : j’ai des potes au Cons’, d’autres qui bossent dans le ciné et je joue en ce moment dans le privé. Néanmoins, je la recommande à des personnes autonomes et actives. Il faut aussi avoir beaucoup d’exigence et de curiosité. Et garder les pieds sur terre, parce qu’on peut vite déchanter en découvrant qu’on n’est pas une star, et qu’on n’est plus protégé, quand on passe la porte du cours…

Je remercie Alexis Gilot d’avoir accepté de répondre à mes questions, si vous voulez voir le résultat de son parcours de comédien, je vous invite à aller le voir jouer au Théâtre de Poche-Montparnasse !

Témoignage suivant : le cours Galabru

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