La Compagnie Affable
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Zippo contre les Robots : Chronique d’un album néo-luddiste (3)
3ème épisode de notre chronique-feuilleton de l’album Zippo contre les Robots (lire l’épisode 2) ! Cette fois, Zippo s’attaque aux techniques perverses du marketing post-moderne, celles qui consistent à vanter les mérites écologiques de produits dont le bilan planétaire est pour le moins douteux…
5. Greenwashing
Oh, pas besoin de trafiquer le compteur façon Volkswagen… Non, les procédés utilisés par l’industrie pour nous « laver le cerveau » sont souvent d’une simplicité aberrante. À commencer par la nouvelle charte graphique adoptée par McDonald’s en 2010, histoire de redorer son blason…
« Bientôt ils vont changer de couleur comme le logo McDo »
L’écran vert fonctionne, et permet de beaux effets spéciaux : malgré une croissance atone, 200 nouveaux restaurants ont ouvert en France de 2011 à 2016. Le pays de la gastronomie est aussi le 2ème plus gros marché pour la chaîne américaine de fast-food ! (Notons d’ailleurs que McDo et KFC sont partenaires officiels de l’Équipe de France. Il faut croire que les Bleus s’envoient des buckets de chicken wings avant l’entraînement.) Autant dire que José Bové est allé en prison pour rien…
L’éco-blanchiment n’a rien de sorcier : il suffit de marteler « vert, vert, vert, vert… », « sans ver-gogne » et ça finit par rentrer ! Zippo imite d’ailleurs cette méthode-massue, à coups de paréchèses en -ver, d’allitérations, d’assonances et de paronomases (« Même à la verticale du vide l’humain persévère / À faire des trucs stupides, cupides, pour des billets verts », « Vérifiez vos verres vous qui vous vantez d’ouverture »…). Rien que des mots, on vous dit, toujours des mots, les mêmes mots ! L’auditoire finira « lobotomisé par [vos] vers mielleux » !
Cela dit, ne vous embêtez pas non plus à composer des alexandrins… Exemple : vous vous appelez Syngenta, et voulez vendre votre nouvel herbicide. Hé bien, prononcez simplement les mots magiques « Désherber durable » ! Un peu de « vernis », sans « garantie », ni « sceau de vérité ». Et peu importe si ça sonne comme un oxymore. Quand vous l’aurez répété mille fois, plus personne ne fera la différence entre les deux termes. (C’est le même principe dans 1984 : « War is Peace. Freedom is Slavery. Ignorance is Strenght. ») Ajoutez une liasse de billets verts à la place du blé, et la couleur est annoncée !
Voilà comment on vend les pires saloperies… Et là-dessus, Zippo fait référence au film d’anticipation Soleil Vert (1973), qui dépeint une Terre en proie à la canicule et la surpopulation, où les fruits et légumes ont quasi-disparu, pour être remplacés par un aliment universel (le « Soleil Vert ») qui cache un effrayant secret de fabrication… (Je n’en dis pas plus, regardez le film si vous voulez un vilain arrière-goût du futur proche !)
Bien sûr, cette grande supercherie nécessite des complices. Si Jean-Vincent Placé n’est pas nommé, « la COP 21 » en prend pour son centigrade. Tout comme les « bobos » qui « ont le spleen facile ». « Vaut mieux pas compter sur eux pour t’sortir de c’calvaire / C’est sûr que si t’es pas d’leurs amis, t’es d’leurs adversaires ». « Ver-dict » : il n’y a plus qu’à défendre ardemment chaque arpent « de Veracruz au Vercors ». Qui sait ? L’histoire donnera peut-être raison aux zadistes…
« Qui survivra verra
Qui étaient vraiment les rêveurs
Les vendeurs d’Areva ou bien les enfants d’la terreur »
Paroles extraites de la chanson « Greenwashing ». Zippo, Zippo contre les robots, Strange Fruit, 2018. Vous pouvez acheter l’album sur ce lien. Pour suivre les aventures de l’homme-briquet sur Facebook, c’est par ici.
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