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Call Me By Your Name : Mr Perlman et son fils Elio

Call Me By Your Name film Michael Stuhlbarg Pr Perlman Luca Guadagnino

Michael Stuhlbarg (le Professeur Perlman) dans Call Me By Your Name de Luca Guadagnino (2017).

Mr. Perlman (Michael Stuhlbarg) est un éminent spécialiste de la culture gréco-latine. Son fils de 17 ans, Elio (Timothée Chalamet), va vivre une passion amoureuse avec Oliver (Armie Hammer), le jeune chercheur venu l’assister dans ses recherches archéologiques. Une fois l’amant parti, le père et le fiston vont avoir une conversation très émouvante, au cours de laquelle le Professeur livre une magnifique leçon d’amour/de vie. (NB : Ce n’est pas un monologue à proprement parler, puisque M. Perlman parle directement à son fils Elio, qui est assis à côté de lui ; mais on peut imaginer une mise en scène plus distante, comme sur la photo de cet article, par exemple. Une traduction en français suit le texte original en anglais et la scène en vidéo.)

Version originale

MR. PERLMAN: When you least expect it, Nature has cunning ways of finding our weakest spot. Just remember: I’m here.
Right now you may not want to feel anything. Perhaps you never wanted to feel anything. And maybe it’s not to me that you’ll want to speak about these things. But feel something you obviously did.
Look, you had a beautiful friendship. Maybe more than a friendship. And I envy you. In my place, most parents would hope the whole thing goes away, or pray their sons land on their feet soon enough. But I am not such a parent.
We rip out so much of ourselves to be cured of things faster than we should that we go bankrupt by the age of thirty and have less to offer each time we start with someone new. But to make yourself feel nothing so as not to feel anything, what a waste!
And I’ll say one more thing. It will clear the air. I may have come close, but I never had what you two have. Something always held me back or stood in the way. How you live your life is your business, just remember, our hearts and our bodies are given to us only once. And before you know it, your heart’s worn out, and, as for your body, there comes a point when no one looks at it, much less wants to come near it. Right now, there’s sorrow, pain. Don’t kill it, and with it the joy you’ve felt.

ELIO: Does Mom know?

MR. PERLMAN: I don’t think she does.

Version française

M. PERLMAN. – Quand on s’y attend le moins, la Nature se débrouille pour trouver notre point faible. Souviens-toi seulement d’une chose : Je suis là. Aujourd’hui, il est possible que tu ne veuilles plus rien ressentir. Peut-être que tu n’as jamais voulu ressentir quoi que ce soit. Et peut-être que je suis la dernière personne à qui tu veuilles parler de tout ça. Mais ce qui est certain, c’est que tu as ressenti quelque chose.
C’est vrai, vous avez partagé une belle amitié. Peut-être plus qu’une amitié. Et je t’envie. A ma place, la plupart des parents voudraient tout oublier, prieraient pour que leur fils revienne vite à la raison. Mais je ne suis pas comme ces parents-là.
Nous nous débarrassons de tant d’émotions, pour vite nous remettre sur pied, qu’à l’âge de trente ans nous sommes déjà tous secs, et nous avons de moins en moins à offrir à chaque nouvelle relation. S’obliger à ne plus rien ressentir, pour ne plus rien ressentir du tout, quel gâchis !
Et je voudrais ajouter une dernière chose. Pour clarifier la situation. J’ai eu de belles relations, mais jamais comme celle que vous avez partagée tous les deux. Je me suis toujours retenu, il y avait toujours un obstacle. La manière dont tu vis ne regarde que toi, et sache bien que nos coeurs, et nos corps, ne nous sont donnés qu’une seule fois. Avant même que tu le réalises, ton coeur sera complètement usé ; et, quant à ton corps, il ne suscitera pas éternellement le désir.
Aujourd’hui, tu es triste, et tu souffres. Ne te débarrasse pas de ces sentiments, ils s’en iraient avec la joie que tu as ressentie.

ELIO. – Est-ce que Maman est au courant ?

M. PERLMAN. – Je ne crois pas.

Dialogue extrait de Call me by your name, réalisé par Luca Guadagnino, et adapté du roman homonyme d’André Aciman. N’oubliez pas qu’il est impossible de travailler un texte sans l’œuvre complète. Vous pouvez acheter le film en ligne et le récupérer dans la librairie la plus proche via ce lien Place des Libraires : Call Me By Your Name — Luca Guadagnino

→ Voir aussi notre liste de textes et de scènes issus du théâtre, du cinéma et de la littérature (pour une audition, pour le travail ou pour le plaisir)

7 commentaires sur “Call Me By Your Name : Mr Perlman et son fils Elio

  1. Amzer
    30 avril 2018

    Bonjour, j’aimerais bien avoir la traduction Française du dialogue du père a la fin du film? Merci d’avance.

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  2. Amzer
    20 Mai 2018

    Merci beaucoup pour la traduction Française.

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  3. Jeanne
    30 juin 2018

    Bonjour,
    Je voulais juste souligner une erreur de traduction dans la traduction française ci-dessus:  » I may have come close, but I never had what you two have » devrait plutôt se traduire par « Je m’en suis peut-être approché, mais je n’ai jamais eu ce que vous deux avez (eu) ». Ce n’est pas d’Oliver dont le père s’est approché (ce que le « J’ai été très proche de lui » de votre traduction laisse entendre), mais bien d’une relation aussi forte et passionnelle que celle d’Oliver et Elio (il s’agit ici d’une introspection du père et d’une référence aux amours de sa vie!)

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  4. Vincent
    26 juillet 2019

    Petite erreur de retranscription : « But to make yourself feel nothing so as not to feel nothing, what a waste! » -> not to feel anything.

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  5. Arch
    15 novembre 2022

    Personnellement, j’aurais envie de traduire la dernière phrase ainsi : « Ne te débarrasse pas de ces sentiments, ils s’en IRAIENT avec la joie que tu as ressentie. ». Il me semble que son père lui dit que l’ensemble des sentiments qui l’ont traversé et le traversent forment un tout indissociable et que le risque, en voulant oublier sa douleur présente, serait d’oublier le bonheur qu’il a connu.

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