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Voici le court monologue qui ouvre le film Rundskop (Bullhead) de Michaël R. Roskam. C’est l’histoire de Jacky, un homme à « tête de bœuf » (joué par Matthias Schoenaerts), dont le père, éleveur, trempe dans le trafic d’hormones de croissance. Peu à peu l’intrigue se déplie comme une métaphore, et l’on comprend que le petit Jacky a vécu un traumatisme, qui le mène tout droit à l’abattoir… (La VF est suivie de la VO en flamand, puis d’une version en anglais.)
Il arrive parfois, dans la vie d’un homme, un événement brutal, qui met tout le monde K.O. Le choc est si fort que plus personne n’est capable de dire ce qui s’est passé. Ni aux autres, ni à soi-même… Pas un mot n’est prononcé. Ni tout haut, ni tout bas. Parce que tout est enfoui, déjà. Bien profond, sous la terre des champs, sous les arbres et les feuilles, qui s’accumulent, année après année… Puis un matin, tout remonte à la surface. Comme ça. Du jour au lendemain. Bam!… Peu importe l’épaisseur du couvercle, il y aura toujours quelqu’un, ou quelque chose, pour le faire sauter. A partir de ce moment, la seule certitude, quoiqu’on fasse, quoiqu’on pense, c’est que vous êtes foutu. Aujourd’hui, demain, l’année prochaine et pour l’éternité… Vous êtes foutu.
Soms kan het zijn dat er in een mensenleven zaken gebeuren waar iedereen stil van wordt. Zo stil, dat niemand nog daarover durft te klappen. Tegen niemand niet. Zelfs niet meer tegen z’n eigen. In z’n eigen kop niet, luid op niet, godverdomme geen één woord. Omdat alles daar is blijven steken. Daar diep in de velden, onder de bomen en bladeren, voor jaren en jaren. En in een keer is het allemaal terug daar. En dan kunnen we het allemaal terugzien, van de ene dag op de andere. Het mag dan nog zo diep weggegaan zijn als het was, er is altijd iets of iemand die het terughaalt. Wat dat ge ook doet en wat dat ge ook denkt van één zaak moogt ge zeker zijn gekloot zijt ge altijd. Nu, morgen, volgende week, volgend jaar en tot het einde der tijden. Gekloot.
Sometimes in a man’s life, something happens that stuns everyone. So much so that no one dares to talk about it. Not to anyone. Not even to themselves. Not in their heads and not out loud. Not a word, because everything has been buried. Deep in the fields, under the trees and leaves, year after year. Then suddenly, it all comes back. Just like that. Overnight. Bam… However long ago it was, there will always be someone to bring it all back. Whatever you do or think, one thing is certain: you’re always screwed. Now, tomorrow, next week or next year until the end of time. Screwed.
Monologue extrait du film Rundskop (Bullhead). N’oubliez pas qu’il est impossible de travailler un texte sans l’œuvre complète.